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Guantanamo Party Program
III – CD
Antena Krzyku records 2017


Guantanamo Party Program, c'est l'éclate en Pologne. Cet autre pays du palmier voit défiler une lourde procession de combinaisons noires, très noires, fers aux pieds par des chaînes de douleur. Courir ne va pas être facile. S'échapper de sa condition, une lubie de pauvres. Alors les cinq polonais de Guantanamo Party Program plongent dans la mélasse, appuient là où ça faisait déjà vachement mal. Tant pis pour les os. Celui que ronge GPP tente de soutenir comme il peut un hardcore qui part dans tous les sens depuis de longues années. On appelle ça post-hardcore parce que l'être humain a l'imagination limitée. Et les rats sont nombreux. Il faudrait rajouter du metal, du screamo, du post-rock (vraiment limitée), du noise-rock, des dégueulasseries sans nom en fait. Bref, c'est du sérieux là-dedans.
Tout ce qu'il y a de plus blessé et mourant, GPP a ramassé dans son giron. Torture mentale à chaque étage. Physiques éprouvés, concassés dans chaque recoin. L'impression d'avoir déjà tout vu dans le pire et s'apercevoir qu'on peut encore en reprendre une couche, que le passé ne fait que se répéter. Et on arrive encore à être surpris. Guantanamo Party Program met les formes. Et les chiffres. Le titre de chacun des huit morceaux est la durée de la compo. Doivent s'amuser à faire la setlist les Polonais. On commence par la 5:50 et on enchaîne par 5:37 ou 5:02 ? C'est quoi déjà la 4:46 ?
Ne pas croire pour autant que GPP est carré, tant bien même que III signifie que c'est leur troisième album. Cruel pour les poltrons car derrière la troupe se fera canarder par du gros grain à la vibration granuleuse. Le chaos, le déluge et les larmes au bout des guitares et du chant. Le grondement continuel de la batterie. Richesse de la faune intérieure. Structures étudiées de près et construites au cordeau en ménageant des chausse-trappes. Les descentes incertaines, les montées épiques qui se charcutent pour offrir au final un paysage tailladé à la serpe rouillé. Point de creux, point de pics, que de la désolation, des meurtrissures confuses, des vallons de bombes en chapelet provoquant un souffle qui permet de repartir sans cesse. Guantanamo Party Program traîne son boulet mais évite les clichés qui guettent pourtant derrière chaque bosquet. Avec parfois de belles salves éclairant la nuit comme [5:45] et [5:01]. Des coups sans blessure apparente mais creusant un sillon invisible pour un voyage ne laissant pas un souvenir impérissable mais marquant tout de même son homme.

SKX (21/09/2017)