fatalists

Fatalists
Wayward Navigation – CD
Self-released 2017

Avec un groupe qui s'appelle Fatalists, il faut fatalement se rendre à l'évidence que le trio écossais ne bougera pas d'un iota de sa ligne musicale. C'est fatalement du noise-rock tarabiscoté dans la continuité des deux albums précédents. On ne peut pas y échapper et c'est ça qui est inéluctablement très bon.
Après, tout est histoire de dosage, d'agencement et de détails. Il semblerait que pour Wayward Navigation, Fatalists a décidé de la jouer plus courte et simple que sur Unwelded. Notion toute relative s'entend en ce qui concerne la simplicité. Fatalists pratique toujours le noise-rock foutraque et dérangé. Jamais à l'abri de pisser contre le vent. Et de se prendre en retour des rythmiques de traviole qui comptent impair et des arpèges qui suivent un parcours sinueux.
Mais ce qui a toujours été hautement appréciable chez Fatalists, c'est de mettre le rock au centre du débat, ne jamais perdre de vue que l'homme blanc de classe laborieuse aime déhancher son gras en cadence. Fatalists n'a jamais été aussi généreux en mouvements percutants et entraînants que sur Wayward Navigation, travaillant aussi l'aspect mélodique pour tenter de perdre un minimum de personnes en route. Ça donne des morceaux fortement captivants comme les deux derniers, Glass Eyed Reptiles et Bitter Blood ou l'instrumental Motorama qui file droit avec double accélération à la clef. Les arpèges répétitifs deviennent ensorcelants, le couple basse-batterie installe un groove carnassier qui dévore tout cru et le chant apporte une touche de fantaisie et d'instabilité en prenant parfois des intonations bizarres. Il y a du Poino et Shorty dans ce Fatalists là. Avec un poil de Jesus Lizard pour la guitare. L'art de biaiser, de ruser, de cingler, mettre une harmonie là où on ne l'attendait plus, insuffler de la légèreté, des chœurs surprenants, de finalement faire décoller un plan qui semblait se répéter à l'infini, sortir d'un labyrinthe de contradictions et entrevoir la lumière du jour, jouer avec les nerfs et cet indéniable talent pour fondre tout ça dans un sentiment mordant de tension et d'urgence rock.
Dommage que ce groupe reste confidentiel, réalise des albums sur des bouts de CD quasi en auto-production à chaque fois et ne sort jamais de sa tanière sinon, il pourrait sans problème participer à cette vague de groupes noise-rock qui comptent chez les voisins Anglais et à qui Fatalists n'a rien à envier.

SKX (14/09/2017)