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Dreamdecay YÚ - LP Iron Lung records 2017 Alors si je lis correctement les explications accompagnant la sortie du deuxième album de Dreamdecay, YÚ est la combinaison de You en anglais et Tú en espagnol afin de symboliser le fait d'être coincé entre deux cultures (un des musiciens, Justin Gallego, est un américain d'origine mexicaine) et la binarité de la vie comme le passé et le futur, l'optimisme et le pessimisme, etc, YÚ devenant ainsi un nouveau point de vue entre ces deux opposés. Bref, c'est ni noir, ni blanc, c'est gris comme Mickael Jackson. YÚ symbolise surtout un nouvel album plus axé sur la dynamique que sur le bruit, la volonté de s'affranchir d'une démarche punk et bruitiste. Le groupe de Seattle qui a subi des changements de personnel cherche sa nouvelle voie, son YÚ intérieur, la symbiose de plusieurs courants musicaux pas forcément contradictoires. L'écoute de Ian, premier titre mis en pré-écoute sur le site du label avait eu de quoi laisser circonspect. Dreamdecay se découvre effectivement moins bruyant. A peine si on les reconnaissait. Surtout les trois premières minutes à l'atmosphère très planante avec nappes de synthé et accord répétitif et léthargique d'une guitare maigrelette. Par contre, le morceau accélère subitement sur les quatre minutes suivantes et le Dreamdecay familier et noisy refait surface tout en montrant une palette sonore plus dégagée derrière les oreilles malgré le final pointant dans le rouge des larsens. Et pour surprenant qu'est ce morceau, il n'empêche pas de montrer un visage plaisant dans le changement. Et dans le contexte de l'album, Ian trouve pleinement sa place. Pas de compositions aussi longues mais une accentuation de l'importance des rythmes, des mélodies qui se font jour plus facilement, des respirations multiples, des dissonances soniques frappant encore plus efficacement du fait de contrastes et d'une mise en valeur pertinentes. L'excellent Mirror en est des meilleurs exemples avec cette balance parfaite entre sonorités nouvelles teintées d'électronique, recherche d'harmonie, explosions sous contrôle et stridences fines et cathartiques. Et surtout, Dreamdecay garde une énergie, une force de propulsion continuant de tout dynamiter sur son passage. Une poussée de nuance et de finesse n'empêche nullement Dreamdecay d'aller de l'avant, de secouer la couenne et de proposer des morceaux intenses et terriblement prenants. Excepté un Witness/Allow attrayant et expérimental qui fait la part belle aux synthés et un chant trafiqué sous codéine, les huit autres titres ont trouvé leur YÚ, l'équilibre entre mélodie et bruit, tension et retenue, physique et cérébral. A leur manière et avec grand talent. SKX (14/04/2017) |