|
De
Kift/Rats On Rafts s/t LP Kurious/Fire 2016 La fanfare théâtrale, punk et poétique de la famille ancestrale De Kift contre le post-punk psychédélique des jeunes Rats On Rafts. A part être hollandais, ces deux groupes n'avaient à priori rien en commun. C'est donc la théorie des contraires qui les a rapproché, un couple volant dans les plumes d'angelots aimant décocher des flèches là où on ne les attend pas, faire fi des conventions, se remettre en cause, tenter l'aventure et s'unir autour d'un idéal punk fédérateur. On ira folâtrer avec qui on veut, quand on veut pour faire ce qu'on veut. Et surtout, ensemble. Car ce n'est pas un split album. Ce n'est pas chacun sa face, chacun pour soi. Tout ce beau monde (onze musiciens en tout) a copulé pour revisiter le répertoire de l'imposante discographie de De Kift et essentiellement Tape Hiss, le deuxième album de Rats On Rafts. D'une façon qui rend ces morceaux quasi méconnaissables. L'un prenant parfois le dessus sur l'autre et inversement. Ainsi, la ballade acoustique Dit Schip chanté par Ferry Heijne agrémentée de légers accords électriques dans le fond sent De Kift par tous les pores, puis transite dans un subtil fondu-enchaîné sur Powder Monkey. Et là, on se prend de plein fouet le fort parfum noisy de Rats On Rafts que De Kift souligne de légers cuivres dans le fond. Cependant, dans l'ensemble, les musiciens font corps et envoie sonner la cavalerie. Les guitares avec les cuivres. Le chant anglais en contrepoint de la langue maternelle. Les rythmes branques, guillerets ou tendus. La frénésie et la mélancolie. Les mélodies et les digressions soniques. De Kift et Rats On Rafts déballent tout. Non pas pêle-mêle mais avec le souci de confronter leurs savoirs respectifs, les mélanger pour donner un air rock et bruyant à De Kift, surprendre les amoureux de ce groupe par des volutes noisy inédites qui leur sied très bien au teint. Pour les connaisseurs de Rats On Rafts dont je ne fais pas parti puisque je n'avais jamais entendu parler de ce groupe avant ce disque, leur approche sonique est tempérée par la sombre mélancolie et la fantaisie de la troupe aux onze albums. Mais comme dit le poète, ce n'est pas la destination qui compte, c'est le voyage. Ces deux groupes nous embarquent dans un univers tour à tour familier, entraînant, flamboyant et doucement excentrique. Toutes les étapes ne sont pas dingues, l'impression parfois que les deux groupes auraient pu proposer encore plus de folie et d'abrasion. Sans compter que cette fanfare d'un genre nouveau doit prendre une ampleur et un intérêt bien plus considérable sur scène, façon Ex Orkest. Ça reste tout de même un sacré moment de bravoure avec des pics de bonheur, une propension naturelle à brasser des airs qui donnent le sourire ou la chair de poule, à danser et à boire jusqu'au bout de la nuit. Pour finir, la pochette est 100% recyclée. On sent tout l'amour habituel de De Kift pour les emballages originaux et faits main. Les deux groupes ont utilisé des pochettes d'autres groupes pour coller leur propre artwork dessus. Seul subsiste sur la tranche le nom de l'artiste qui s'est fait détourné. Sur mon exemplaire, j'ai eu le droit à The Master of the Masterpiece 2, more of the best of Patrick Adams. C'est un honneur. SKX (06/01/2017) |