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monofonuspress


Contributors
s/t – LP
Monofonus Press records 2017

Contributors parce que c'est un disque de contribution. Faut pas aller parfois chercher bien loin les idées de nom. Les trois texans de Spray Paint, l'anglais Dan Melchior et un autre mec d'Austin aux claviers, Will Slack du groupe Soft Healer. La forte productivité de Spray Paint est connue. Six albums en quatre ans. Depuis cette année, le trio s'est lancé dans une autre aventure pour ne pas faire baisser la moyenne, une série de collaborations entamée avec un single en compagnie de Ben Mackie, le chanteur de Cuntz. Cette fois-ci, le trio a trouvé à qui parler avec Dan Melchior, un type encore plus prolixe qu'eux, que ce soit sous son nom, celui de Dan Melchior Und Das Menace ou Dan Melchior's Broke Revue avec des dizaines et des dizaines d'albums à son compte depuis 1998.
La rencontre de tout ce beau monde accouche de six morceaux comme de longs galops hypnotiques allant toujours au-delà des cinq minutes. Le coté post-punk répétitif, rigide et froid de Spray Paint développé sur le long terme avec la voix de Melchior plus parlé que chanté et le clavier qui n'est pas là pour jouer de jolies notes mais pour balancer des bruits retors, des ondes légèrement alarmantes entre les lignes, rajouter une couche grinçante.
Melchior prononce une ou deux phrases, les répète, intensifie les syllabes change le rythme, module les effets tout comme la musique, boule de nerf gonflant d'intensité au fur et à mesure de l'avancement, variant la pression, la densité, accélérant, se répétant sans tomber dans l'ennui ou l'uniformité avec l'aide de gimmicks, de menus détails qui donnent du piment et relève le plat. A ce petit jeu là certains titres accrochent mieux que d'autres comme It's a Natural Low grâce à sa petite mélodie entêtante à la guitare et un souffle général plus porteur ou Reef of Regret, chevauchée fuselée qui emmène dans des territoires psychédéliques et bruyants à force de répétitions, d'accumulations de zébrures sonores, de grouillements et de guitares frénétiques finissant par déraper et s'envoler. Au contraire, Clumsy Hands et Lazy jouent la carte d'un psychédélisme plus brouillardeux, alangui, toujours perturbé par des interventions sonores désordonnées, bruitistes, une guitare qui part dans un solo vérolé.
Six titres sonnant comme des improvisations structurées. Une idée, un riff, un rythme que Contributors suit jusqu'au bout, stoppant l'effort uniquement quand l'essorage est complètement terminé. La force centrifuge de chaque composition permet de garder les pieds sur terre, d'avoir de la consistance, de l'angularité et acidité alors que le danger rodait, la crainte que ça parte dans des délires trop fumeux. Pour une contribution sans préparation où tout a été bouclé en une semaine, Contributors signe un album vraiment intéressant qui mériterait une suite, même si ça sera (sans doute) jamais le cas.

SKX (29/12/2017)