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Cobalt Slow Forever 2xLPs Profound Lore 2016 Il a fallu que Charlie Fell intègre Cobalt pour que ce groupe apparaisse sur nos écrans radars. Charlie Fell, c'était le chanteur de Lord Mantis qui nous avait mis une belle mandale avec Death Mask. Un groupe qui fait du (black) metal pour les personnes qui n'aiment pas le (black) metal. C'est un cas identique avec Cobalt (tout en étant très différent de Lord Mantis). Un groupe catalogué (black) metal qui plaira à toutes les personnes qui n'aiment habituellement pas ça. Et qui, à contrario, déplaît fortement aux puristes pur jus du genre. Il suffit de lire quelques chroniques de Slow Forever pour constater que le retour aux affaires de Cobalt a été très diversement apprécié. Slow Forever est le quatrième album de Cobalt. Le premier depuis sept ans. Avec comme caractéristique principale le fait qu'un seul homme compose et joue de tous les instruments (guitare, basse et batterie), Erik Wunder. Seul le chant lui échappe. Un duo pour un groupe de black metal, c'est déjà pas banal. Un multi-instrumentiste qui fait tout, encore moins. Après avoir viré Phil McSorey, son vieil acolyte au chant, il a donc recruté Charlie Fell et sorti le grand jeu pour accoucher d'un double-album affichant pratiquement 90 minutes au compteur. Fichtre. Un disque qui déçoit en partie les fans de la première heure et ceux qui ont des illères mais pour ceux qui viennent du noise-rock, ont l'habitude de s'envoyer du punk et batifoler sur du hardcore, Slow Forever est parfait. Mélangés avec leurs racines metal et autres attributs extrêmes, ces différents courants irriguent Slow Forever pour abreuver des rivières de contentement et faire couler de nouveaux éclats dans des fleuves tiédasses charriant trop de poncifs. D'ailleurs, l'intro de l'album sur Hunt The Buffalo pourrait évoquer Wovenhand avec des accents sudistes. Alors bien sûr, Slow Forever envoie aussi du rythme qui blaste. Charlie Fell n'a pas la voix d'un premier communiant. Son chant respire la hargne, il est parfois démoniaque mais il est surtout plus varié que son prédécesseur, moins typé/cliché homme des cavernes. Et varié, la musique de Slow Forever l'est aussi. Sous un ciel général agressif et profondément sombre, les onze titres (douze sur la version CD avec Siege, un titre caché que le duo aurait effectivement eu tort de ne pas montrer) optent pour toutes les cadences, n'hésitent pas à s'aventurer dans de titanesques et ambitieuses structures sans perdre le fil de l'intensité, s'enfoncent dans le sol du sludge, en pincent pour les passages acoustiques (oh mon dieux, quel blasphème !), se montrent capables d'être perversement répétitif (Final Will), rockent comme des grands avec la morve de sales punks et sont même parfois ouvertement mélodiques à l'instar du morceau de fin en forme d'apothéose. A la manière d'un Neurosis auquel il est souvent permis de penser, Cobalt ne se contente pas d'une seule corde à son arc, ne fuie pas les émotions et surtout, a mis toute sa démence au service de compositions qualitativement largement au-dessus de la moyenne besogneuse. Dans la richesse des rythmes, les parties de guitares diaboliquement inspirées, la force de la basse qui ferait des envieux chez les noiseux, l'imbrication des différentes parties qui s'enchassent sans que les finitions ne se laissent entrevoir, l'urgence du propos, la violence quasi mystique parfois, la performance vocale, Slow Forever est un putain d'album à l'enregistrement puissamment cru, qui tient miraculeusement en haleine malgré sa longueur inhumaine, des morceaux qui prennent littéralement aux tripes et laissent sur le carreau, le genre d'album que Today Is The Day ne sortira plus bien que Cobalt se situe à un tout autre niveau, le genre hors-catégorie. Alors prenez votre courage avec ce que vous pouvez et lancez vous à l'écoute de Slow Forever. SKX (09/01/2017) |