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Bukkake
Moms Thanksgiving With The Clowns LP That's Cool records 2016 C'est le huitième album de Bukkake Moms. Si vous trouvez bizarre de ne jamais avoir entendu parler de ce groupe, c'est normal. Vous n'avez pas vécu dans une cave sans électricité, vous n'avez pas de parents balladuriens, vous êtes toujours cette jeune personne branchée dont le disque dur de l'ordinateur est surchargé de mp3 qui ne seront jamais écoutés. Même leurs parents, qui ne sont pas balladuriens, ne sont pas au courant que ces ados attardés bidouillent de la musique dans leur garage. En plus, ce groupe vient de Denton au Texas et eux, leur trip, c'est plutôt les mères de famille qui se font des masques de beauté à la sauce blanche et qui n'ont jamais entendu parler de politique française. Chacun sa croix. Bukkake Moms, c'est le syndrome Buck Gooter. Des types qui sortent des disques dans leur coin, par leurs propres moyens, sur de misérables CDrs ou cassettes, à raison d'environ un ou deux par an depuis 2010 et qui n'en ont rien à foutre de rien. Ces albums, vous pouvez les écouter si ça vous chante sur leur bandcamp. Dans un souci de vous faire gagner de votre précieux temps, vous pouvez commencer à partir de l'album Michael Briggs, c'est là que ça devient intéressant. En sachant que leur meilleur album à ce jour, c'est notre préoccupation du moment, Thanksgiving With The Clowns, le premier qui voit la lumière en vinyle grâce à That's Cool records. Oui, c'est cool. Les clowns moins mais c'est pas grave parce que les clowns, ce sont eux. Et ils sont six. Dont deux batteurs. Les quatre autres se partagent guitares, basses, un peu de synthé. Et une clarinette. Sans oublier un invité qui joue du basson. C'est pas tous les jours qu'on peut placer basson dans une chronique. Tout ça pour faire quoi ? Un beau bordel qui peut sembler n'avoir ni queue ni tête (un comble quand son groupe s'appelle Bukkake Moms) de loin. Alors que de près, c'est la partie fine où se croisent pêle-mêle les esprits de Arab On Radar, les compatriotes texans de Zulu As Kono seize ans plus tôt et les trublions increvables de Trumans Water. On a connu compagnie moins galante. Mais faut suivre. Ça dézingue à tout va, ça accroche les branches avec des riffs piquants et tournoyants, on pense comprendre un peu le scénario et puis ça part en couille - mais une belle paire dans une sorte d'impro free noise orgiaque et furibarde. Et là, ça devient coupant, jouissif toujours, noise-rock aussi ludique que déconstruit, les cuivres se frayent un chemin dans la jungle des notes et les fulgurances font mal, à condition de bien prêter l'oreille. Bukkake Moms en fout partout, ce qui semble logique mais ils retombent toujours sur leurs pattes. Après six ans d'existence fortement erratique, Bukkake Moms éclabousse de son talent particulier et de ces histoires salaces la face du rock qui n'attendait strictement rien d'eux. Mais vous feriez bien désormais de retenir leur nom. Ce qui ne devrait pas être difficile, bande de petit(e)s cochon(e)s. SKX (01/03/2017) |