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Brown
Angel Shutout - LP Sleeping Giant Glossolalia 2016 Brown Angel brûle à nouveau les planches. Au propre comme au figuré. Le feu avait commencé à prendre en 2010 avec un premier album chargé en Godflesh et compagnie. De façon inexplicable, le deuxième album Agonal Harvest en 2013 avait échappé aux flammes de la chronique. Le trio de Pittsburgh est revenu en fin d'année dernière réalimenter les braises de l'enfer. Shutout crame ses plus beaux atours et embrase les sillons par une attitude particulièrement hargneuse. L'esprit ténébreux de Godflesh rôde toujours dans les parages. Mais Brown Angel ne s'amuse pas avec une boite à rythmes. Le batteur (John Roman qui joue aussi dans Microwaves) ajoute à l'asphyxie ambiante et surtout, le trio diversifie ses angles d'attaque et piétine les terres d'un noise-rock secoué de toutes parts. Dès le premier titre See That I Am Scourged (qui ne signifie pas Vois comme je suis une courge), Brown Angel agresse, convulse, broie des tibias et lézarde les fondations avec deux invités soufflant sans pitié dans leurs saxophones alto et tenor, pour un vent de folie dont il est difficile de s'en remettre. Obscurité complice d'une inégalable profondeur dans sa consistance, Brown Angel enchaîne avec deux autres compos rongeant la cervelle. Le chant sait se faire plus aérien voir carrément mélodique (un peu trop ?) sur un passage de Coward's Progress mais le maître mot, c'est supplice et à grands coups de torgnoles dont la basse est le poing armé, le trio rayonne dans l'application des peines. Et c'est tout pour la face A. Seulement trois titres dont le riffage intensif et puissamment basique calme les ardeurs les plus gourmandes. On retourne le vinyle transparent et là, que deux titres au compteur et ils ne sont pas de Brown Angel. Le trio reprend deux morceaux publiés en 1982. Armageddon, une reprise de Chrome tirée de l'album 3rd From The Sun et Data Control, un morceau de Hüsker Dü du premier album Land Speed Record. Je ne sais pas si c'est dans les vieux pots qu'on extrait les meilleures confitures mais ces deux morceaux coulent des jours heureux dans le nouveau moule confectionné sur mesure par Brown Angel. Dix minutes et quelques d'un Armageddon répétitif, sifflant, aliénant avec des samples/paroles bruissant dans le fond, un groove lourd au ralenti, une nouvelle densité pour s'enfoncer toujours plus profond et impitoyablement dans les méandres d'une musique rampante et malsaine. Data Control apparaîtrait presque léger. Pourtant, l'original qui était déjà terriblement abrasif se trouve pousser dans ces derniers retranchements. A croire que ce morceau attendait Brown Angel. La guitare de Adam Mac Gregor lamine, dérape dans un solo contrôlé et Data Control avance inexorablement, poussé au cul par une rythmique imperturbable en acier trempé. L'Ange Marron a encore frappé et ce ne sont pas les portes du paradis qui vont s'ouvrir. SKX (26/04/2017) |