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Batpiss Rest In Piss LP Poison City 2017 Biomass LP Poison City 2015 Ce groupe n'est pas qu'une histoire d'urine malgré les apparences trompeuses. Batpiss et leur nouveau troisième album Rest In Piss est une douche dorée d'un gros jus rock particulièrement bouillonnant et jouissif. L'histoire d'un trio Australien (Melbourne) dont on prend le train en marche alors qu'il a débuté en 2013 avec Nuclear Winter sorti sur Every Night Is A Saturday Night records, puis 2015 avec Biomass et enfin Rest In Piss tout chaud tout beau. De quoi faire le tour du propriétaire en détail car Batpiss entre avec fracas dans nos vies de rockers endurcis qui risquent de prendre une belle claque derrière la nuque. Produit et mixé par Gareth Liddiard, le leader de The Drones, Rest In Piss est la rencontre au sommet d'un swamp-rock torride et d'un noise-rock poignant, le télescopage entre Pissed Jeans et (forcément) The Drones, la chair meurtrie et des arêtes grosses comme des couteaux, un garage-rock crasseux traversé par une violence élégante à la The Stabs. Le grain de la guitare est insupportablement fascinant, fait dresser l'épiderme et comme Paul Pirie en tire des accords majeurs, il ne faut pas aller chercher plus loin les raisons de lenvoûtement. Il possède en plus un chant qui a vécu des saloperies et trempé dans des affaires louches, un cocktail détonnant qui produit des gerbes électriques aussi intenses qu'émouvantes. A tel point qu'on en vient à penser à Slint sur le dernier titre Weatherboard Man, un Slint qui aurait éclusé toute la réserve de gnôle dans un énorme moment de dépit, se serait râper la gueule sur le trottoir pour un monstrueux cauchemar de grenaille et de caverne. La vie est plus belle en sifflotant. Hormis deux instrumentaux plus dispensables ouvrant à chaque fois les deux faces, Rest In Piss est une collection d'incendies volontaires, de purs moments de rock discordant, des grêlons qui s'abattent avec dureté, de la fièvre accélérant le pouls, des bombes explosives comme Paralyzed ou You + Me, des titres mid-tempo écrasants de solitude et de mélancolie rageuse (Tell Them My Name Is X et Golden Handshake) ou contrasté, chaotique et effectuant la totale (Rui's Lament) quand ce n'est pas à la limite de la folie sur Bells For The Victorian Blues avec un sample de cris de terreur grouillants dans le fond. Frissons garantis. Cet album est beau, enragé, passionnant comme seul le rock australien peut engendrer. Indispensable. En 2015, la pochette de Biomass ne poussait franchement pas à la curiosité. Recto et verso. En noir et blanc ou en couleurs. Et pourtant, Batpiss était déjà en pleine forme. Enregistré par Max Ducker, le mec de Mutton et Hoarse, Biomass versait légèrement plus sur le versant noise-rock, encore plus virulent et direct. Et alignait sans coup férir des uppercuts qui déstabiliseraient plus d'un massif central (Death Will..., Daredevil, Orchard). La guitare ne possède pas ce grain aussi épais et chaleureux que sur Rest In Piss mais l'art de faire valser une compo, tu l'as ou tu l'as pas. Et assurément, Batpiss l'a. Sur Biomass, vous trouvez également quelques ballades qui s'épanchent dans la durée, de longs et beaux moments de souffrance, un blues nouvelle génération élevé au tord-boyaux noise avec des aspérités nombreuses, une colère sourde, une basse qui rentre dans le ventre, un Birthday Party qui scrute au loin et de quoi veiller très tard la nuit avec The Store ou Pulling Out. Et si jamais vous tombez sur Nuclear Winter, prenez le aussi sans réfléchir. SKX (04/07/2017) |