theyouandwhatarmyfaction
smash
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The
You And What Army Faction
Glum LP
Smash 2015
A la lecture
de la chronique de leur précédent single
qui remonte déjà à 2012, il était difficilement
envisageable de penser que le premier album de The You And What Army Faction
allait filer la chair de poule. Ça faisait même un moment
que Glum était dans le radar mais le courage manquait pour
se forcer à l'écouter. Alors est-ce le magnifique bleu-gris
du vinyle ou est-ce un jour où le blues flottait dans l'air comme
une merde colle à la semelle mais depuis ce matin blafard béni,
Glum a bien du mal à se décoller de la platine. Ce
n'est pas le meilleur album de l'année (et on s'en tape furieusement).
Ce n'est pas l'album de tous les jours. C'est un album qui donne envie
de ne pas se lever. Mais cet album, il te parle au creux de l'oreille,
il te susurre d'abandonner, de lâcher prise et d'aller te pendre
ailleurs parce qu'il n'y a pas de place pour une telle musique. Ça
prend par surprise, c'est un air de rien mais il est difficile de s'en
dépêtrer.
Glum, ça veut dire morose, sombre, abattu. Bref, tout ce
qui ne donne pas envie de faire tourner les serviettes. Autant sur le
single, c'était une tisane et au lit, autant sur cet album (le
deuxième si on compte Fixx sorti en 2009 sur Cdr), The You
And What Army Faction a trouvé le fragile équilibre entre
léthargie de mollusque et cette petite vibration interne, ce truc
qui crépite dans le creux du ventre et maintient au dessus de la
ligne de flottaison. Les grecs de The You And What Army Faction ont crée
un monde à part, un monde bien à eux, ne ressemblant à
rien de connu, dans un nuage de reverb et de psychédélisme
obscur, une profonde mélancolie drapée dans de belles étincelles
électriques. Un groupe comme Codeine pourrait servir de référence
mais le langage de The You And What Army Faction reste singulier.
Le chant va à deux à l'heure, semble vouloir s'effondrer
à chaque syllabe. Les mélodies se traînent. Mais les
Grecs arrivent à contrebalancer tout ce désespoir par une
nervosité sous-jacente avec une batterie aimant fort heureusement
donner régulièrement des coups de pieds dans le cadavre
et des gerbes de guitares à l'humeur broussailleuse et revêche,
tapissant le fond d'une texture free, noisy et grésillante. L'espace
de quelques titres (Shudder, We Rode This Dream, Remember ?
et surtout You Don't Get Paid To Be Safe, le plus agité
d'entre tous), le quatuor se fait même violence et transcende son
spleen dans des accélérations salvatrices, des trépidations
qui durent pour un album au final plus intense qu'il n'y parait. Et quand
ils semblent toucher les abysses, creusant toujours plus profondément
dans le noir, ils illuminent les ténèbres par des mélodies
plus poignantes comme sur le très beau He Can't Keep You Sane
ou Dancing Bruised Women. Mais ce sont tous les titres qui sont
frappés de cette beauté maladive vous hypnotisant peu à
peu, un gouffre sans fond dans lequel on n'a pas fini de se noyer.
SKX (16/01/2016)
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