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Wreck
And Reference
Indifferent Rivers Romance End LP
The Flenser 2016
Troisième
album pour le duo de Los Angeles Wreck And Reference. Et encore plus que
ces prédécesseurs,
Indifferent Rivers Romance End laisse dubitatif. Il est indéniable
que ce duo possède une démarche bien à lui, un son
particulier issu d'une batteur et d'un chanteur manipulant un sampler/synthé
portatif pour un groupe inclassable. On ne peut vraiment pas leur enlever
cet accès d'originalité. Ça ne leur donne pas pour
autant un blanc-seing pour gober sans sourciller une musique de plus en
plus mouvante. Avec tous les dangers que cela comporte.
Édifice froid, martial renfermant des contes violents et introspectifs
lézardés d'une douleur ardente, Indifferent Rivers Romance
End aborde des territoires aussi fragiles que musclés, des
constructions plus mélodiques que jamais dans lesquelles coule
toute la souffrance du monde. Au chant, Felix Skinner est un homme semblant
beaucoup en baver. On l'aiderait bien à en finir tant sa peine
semble grande mais ce gars n'a pas l'air de faire mine, il (aime) se met(tre)
à nue et il en résulte des moments aussi passionnants que
gênants. Et c'est là tout le paradoxe de ce disque. Des morceaux
auxquels on a envie d'y croire (Powders, Flight But Not Metaphor
et Ascend), quand la noirceur devient réelle, communiquant
un vrai frisson angoissant et de beauté troublante. Et des morceaux
qui peinent à convaincre, s'écrasant sous le propre poids
d'une auto-flagellation et d'un dégoût de soi, le concentré
de malaise laissant place à une grandiloquence mal placée,
quand ce n'est pas tout simplement des morceaux apathiques et sans vie
(Liver, Modern Asylum) ou au mieux en manque d'inspiration
(Bullwhips) pour finir sur les sept minutes de Unwant qui
mérite assez bien son nom. Ce titre symbolise un album qui tente
de se recentrer sur un aspect plus chanson mélodique au détriment
de paysages sonores flippants et radicaux. A part Languish finissant
par une cascade de rythmes et un tapis de bombes de fréquences
électroniques ainsi que d'autres passages aux brèves trépidations,
Indifferent Rivers Romance End, tout en continuant de creuser dans
les profondeurs de sombres sentiments, se fait plus calme et méditatif,
entre electro glacial un rien tordu et pop expérimentale avec un
soupçon d'extrême survivant tant bien que mal.
Wreck And Reference lutte dans un combat intérieur entre des sentiments
contradictoires et insolubles. La guérison semble de plus en plus
improbable et rester à leur chevet devient un fardeau. Chacun sa
merde.
SKX (13/10/2016)
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