sprayingpaint
goner















































Spray Paint
Feel The Clamps – LP
Goner records 2016
Bogans And Hoons – 7''
Goner 2016


Il ne faut plus raisonner en année pour Spray Paint mais en mois. Et bientôt en jour. Six mois après leur précédent album Dopers qui lui-même sortait six mois après Punters On A Barge, Spray Paint sort son sixième album en trois ans. En même temps qu'un single plein de quatre titres inédits. Le trio d'Austin bat des records. Un cadeau tombé du ciel texan et béni des dieux qui, dans un grand moment de solitude et de coup de soleil, ont donné à Spray Paint le don de la générosité et le pouvoir de la multiplication des albums. Et les Tables de la Loi en pierre sur le post-punk. Spray Paint les possède à fond et les transcende comme personne. Jusqu'à en devenir de plus en plus mécanique, froid et inquiétant. Mais pas comme un truc tout rigide et coincé qui remonterait le temps depuis une ancienne nouvelle vague fétide à l'orée des années 80. Spray Paint le fait à l'américaine, diffuse toujours une couche abrasive, des sonorités qui écorchent, le nerf calé entre les chicots, le rythme plus vif que morbide.
Cependant, sur Feel The Clamps, le trio augmente son quota de morceaux où l'écho de la guitare raisonne comme une chair froide sur laquelle un forcené cogne, le chant détaché et la glaciale rumeur qu'un événement étrange va se produire. Shovelling et toute la fin de l'album avec Bin Man Dreams, Heaps Of Ice et George Finally Shows Up, c'est du climat anxiogène, une atmosphère plus propice aux machines bien que les instruments de chair et d'os restent largement majoritaires. Un keyboards sur Heaps Of Ice joué par le type qui a enregistré l'album, Chris Woodhouse (Thee Oh Sees, Ty Segall, The Intelligence, etc...), qui rajoute également de la basse (dans ce groupe uniquement à deux guitares) sur ATXHC (Dangle Earring) et Shovelling ainsi que du piano sur Styrofoam Garbage. Comme un sonar, des ondes synthétiques perturbantes et une boite à rythme sur George Finally Shows Up, l'écho d'une menace sur Shovelling, une fausse lenteur, une sourde tension à laquelle le trio ne nous avait pas habitué. Et ça leur va à merveille. Spray Paint n'oublie pas pour autant de placer quelques courtes salves piquantes et rugueuses de l’acabit de Don't Get Sick, Burn Barrel, Styrofoam Garbage ou Brat Beater, hymnes punk qui s'ignorent, trop ramassés, secs et primitifs pour séduire un plus grand nombre.
Spray Paint ne connaît pas la crise. Une régularité de métronome et le don, un de plus, pour vous ensorceler à chaque sortie, vous embrouiller la cervelle, faire croire comme si c'était la première fois et faire encore mieux que la dernière fois.





En véritable boulimique, le trio compose album sur album, morceaux sur morceaux. Quatre titres supplémentaires que le format d'un album n'aurait pas pu supporter. Qu'à cela ne tienne, Goner records offre un bonus et publie un single en même temps que Feel The Clamps. La couleur est donc identique à l'album, Spray Paint privilégiant tout de même l'approche plus directe et virulente comme sur Shit Me To Tears qui n'est pas une reprise de The Tenants ou le trépidant Heavy Loiter. Seul Screwed Batsman a cet aspect plus menaçant, robotique et flingué des neurones. Par contre, sans renier ces morceaux, on comprend à leur écoute que Spray Paint les a recasés sur un single à la pochette très cheap plutôt que sur Feel The Clamps. Ils sont quand même un cran en-dessous. Mais ils sont comme ça Spray Paint. Ils n'arrêtent jamais. Ils documentent tout ce qu'ils font. Et songent déjà à l'heure qu'il est à leur prochaine sortie. Vivement la suite.

SKX (01/07/2016)