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Sneers/Silent
Carnaval Tape Crash #13 Old Bicycle records 2016 Histoires italiennes. Avec chacune sa face de cassette magnifiquement emballée. Ça donnerait presque envie de croire à nouveau à ce support d'un autre âge. Quand en plus ce qui se trouve sur les bandes magnétiques a tendance à vous faire frissonner l'épiderme, cet objet de malheur devient incontournable. Le duo Sneers n'est pas inconnu de nos services. Un album remarquable et surtout, une prestation divine le 26 avril dernier à Rennes en compagnie de Pop 1280 et Lonely Walk. Dans leurs bagages, cette cassette avec trois inédits. Pour trois fois plus de bonheur. Pas celui qui donne envie de faire tourner les serviettes ou casser une caméra de surveillance. Celui qui envoûte et hante les esprits, transporte vers d'infinis espaces sur un tapis de velours. Un bonheur en zone trouble plus habité que jamais. Les deux premiers morceaux, Neither Shadows Nor Prophets On My Path et Heaven's Mother Send Us Grace ! Heaven's Mother Give Us Graves ! sont à chaque fois sept minutes portées par un souffle prophétique, une ballade aussi risquée que sensuelle sur un bord de précipice, l'annonce d'un karma difficile, d'une vie dépouillée et chaotique avec une ferveur dans la voix de Maria Greta Pizza qui ferait avaler n'importe quel pêché. Les fantômes de Cocteau Twins et Sonic Youth flottent au-dessus d'un rythme lentement tribal, d'arpèges tristement lumineux dans un halo lointain illuminant des mélodies obsédantes. Le duo italien, en plus d'être des gens adorables, dessine les courbes d'une procession funeste, revêche et sans concession. Vivement le prochain album annoncé pour septembre prochain. En changeant de face, la température ne va pas grimper en degrés. Plongée dans les abîmes. Silent Carnaval est à la base le projet d'un seul homme, Marco Giambrone, avec déjà un album sous le coude depuis 2014. Accompagné de trois musiciens, il joue sur plusieurs tableaux une même peinture terriblement sombre. Dans Silent Carnival, il y a silence. Ils sont nombreux. Pesants, solennels, anxiogènes. D'une tristesse insondable. Et très beaux. Pour le carnaval, on repassera. Les quatre titres de Silent Carnaval évoquent ainsi le sens du sacré de Father Murphy et l'approche dark-folk sur A Different War. The Dead Science sur Flood et Mountains pour son chant, ces mélodies aériennes et ces arrangements osés. Ou encore The For Carnation avec un timbre de voix devenu beaucoup plus grave sur le très lent et profond My Turn. C'était vraiment pas parti pour être la fête au village mais on se retrouve avec un nouveau nom à danser dans une nuit noire que Silent Carnival éclaire d'une lueur prometteuse. Le label suisse Old Bicycle propose donc deux magnifiques histoires italiennes. C'est déjà le volume 13. Et il porte douloureusement bonheur. SKX (17/05/2016) |