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The Rodeo Idiot Engine
Malaise LP
Dingleberry/Grains Of Sand/Throatruiner records 2015

Ha ! The Rodeo Idiot Engine ! Un groupe originaire du pays basque, composé de jeunes garçons tatoués, en shorts moulants et marcels et qui donnent des concerts trépidants gavés d’effets stroboscopiques et saturés de fumigènes asphyxiants tout en jouant du hardcore hautement chaotique les jambes très écartées. Un bien beau spectacle. Mais je vais tout de suite arrêter de me moquer et mettre vite fait bien fait le holà à mes pulsions de vieux con. Parce que, mine de rien, Malaise est déjà le troisième album de ces petits gars là et que, des fois, la persévérance finit moi aussi par me convaincre. Malgré le côté très (trop ?) convergien du truc. Bon… Converge, cela fait longtemps que j’ai laissé tomber la machine de Jacob Bannon, Kurt Ballou and C°, le grand cirque ça ne m’a jamais intéressé mais – par contre – il y a quelques groupes par ici et par là, inspirés par et successeurs de Converge donc, qui valent largement que l’on s’y intéresse, surtout lorsqu’ils jouent encore dans des salles confinées et ailleurs que sur des scènes déshumanisées ou trop grandes et sponsorisées par des marques de fringues ou de baskets pour adolescents.

Mais revenons-en à nos garçons en shorts et en marcels. The Rodeo Idiot Engine n’a pas inventé la recette magique mais s’en sert à merveille. Malaise est un album sombre, violent et douloureux. Et le groupe n’en finit pas de progresser depuis Fools Will Crush The Crown et Consequences, peaufinant ses compositions tout en gardant intacte sa colère initiale. Et, malgré le côté très volontariste de cette musique (ça braille tout le temps ou presque, ça fait des breaks dignes d’un amateur de trigonométrie dans un espace en quatre dimensions – je ne sais pas si cela existe vraiment et, pour tout dire, je m’en fous royalement –, ça place aux moments opportuns des atmosphères pesantes et ça pulse le reste du temps), loin de moi la volonté de soupçonner The Rodeo Idiot Engine d’en faire toujours des kilotonnes dans la démonstration et le tape-à-l’œil ravageur. Tout est question de dosage, vous me direz, et le groupe sait équilibrer sa musique pour éviter tout effet de contrainte ou d’obligation (le grand truc de la plupart des groupes de hardcore-mes-couilles qui pensent que la musique est définitivement un sport de combat) sans pour autant lâcher prise. Et moi, qui ne suis qu’un garçon sensible voire un peu romantique et tellement fleur bleue sur les bords, ce genre de démarche ne peut que me séduire.

Il y a même sur Malaise des titres qui me ferait presque fondre. La doublette Syngue Sabour/Je Me Noierai, le long instrumental Ildoak sont parmi mes préférés. Quant aux brûlots type Final Relief, Malaise (et sa fin terrifiante) ou Carrying Icons ils n’ont rien à envier à tout le reste de l’album. Et même Thousand Of Nails qui est la composition que j’aime le moins ici et qui semble ne jamais vouloir en finir avec un sentiment d’agonie un peu trop mélodramatique devient convaincant à force de théâtralité naïve – je crois bien que je suis foutu. Si je rajoute à tout cela que l’objet est magnifique, en vinyle transparent ou noir, emballé dans une pochette gatefold dotée de photos signées Louis Triol, bref un truc ultra soigné et pensé, je crois que je tiens là l’un de mes disques préférés de hardcore mathématico-chaotiquo-émotionnel du moment. A écouter vraiment très fort, évidemment.

Hazam (14/03/2016)