protomartyr
hardlyart



Protomartyr
The Agent Intellect – LP
Hardly Art 2015

C'est poussé par un vent de curiosité sur lequel vogue la rumeur que le troisième album de Protomartyr a fini par échouer dans les parages. Un groupe de Detroit qui ferait dans le post-punk de Manchester, ça pousse au vice. Je n'y croyais pas trop au départ à ce disque. Comme tout ce qui est trop évident et alléchant. Si on me donne le choix entre un bon gros gâteau au chocolat et un autre à la merde, je crois bien que j'hésite. C'est louche. Mais il faut bien avouer que les bougres savent y faire. Les mélodies sont plus d'une fois accrocheuses (Pontiac 87, The Devil In His Youth ou Cowards Starve), les tubes s'enchainent et le constat de base est véridique : laissez tomber les Stooges et MC5, c'est The Fall dans le Michigan avec une touche de Total Victory et tout ce courant sombre et mélancolique anglais sur des rythmiques avantageuses parti à la nage à travers l'Atlantique. Mais vous voyez certainement de quoi je veux parler. Le revival post-punk, il en est question depuis belles lurettes, avec plus ou moins de réussite et Protomartyr figure assurément dans le haut du panier.
Mais derrière ce déluge de morceaux calibrés, Protomartyr se distingue par une humeur plus morose, désabusé, comme si les cinq membres n’avaient pas franchement envie de faire partie de ce grand cirque. Un propension à ne pas parer les mélodies de leurs plus beaux atours, les cacher sous sous une fine couche de crasse, ne pas trop polir les angles, ne pas les montrer à la lumière du grand jour de peur qu'elle les aveugle. L'inévitable touche américaine, on ne se débarrasse pas de ses racines si facilement. Et c'est ça qui est bon, le bénéfice du doute qui les sauve. Ça et le chant de Joe Casey donnant l'impression que son chien est mort. Tour à tour détaché, sarcastique avec l'air de s'en foutre de tout, cette voix donne un charme particulier et attachant à The Agent Intellect. Et quand tout ce beau monde décide de rajouter une couche de bordel supplémentaire, ça donne des titres imparables comme Why Does It Shake ? Ou I Forgive You. Chaque titre n'est pas non plus à tomber, loin de moi cette idée, mais dans un registre fortement connoté, Protomartyr s'en tire avec les honneurs.

SKX (25/01/2016)