polonium
controlledburn
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Polonium
Seraphim CD
Controlled Burn 2016
Si on m'avait
annoncé ça comme le nouvel album de The
Austerity Program, j'aurais gobé sans sourciller. Et pour cause,
ce sont les deux mêmes types, Thad Calabrese et Justin Foley, qui
sont derrière Polonium. Mais c'était en 1996. Toxique. Un
projet de jeunesse comme une blague, des morceaux écrits entre
93 et 96. Et puis plus rien. Avant de revoir les deux compères
reprendre les instruments au début des années 2000 et fonder
The Austerity Program avec le bonheur que l'on sait. Mais Polonium veillait.
Foley réenregistre entre 2013 et 2015 les morceaux qui n'étaient
pas tombés aux oubliettes et vingt ans plus tard, Polonium explose
au grand jour. Et ça fait des dégâts. De très
sérieux dégâts.
Leur lubie de l'époque en créant Polonium était de
faire sonner leur musique comme un croisement de Bolt Thrower et Melvins.
C'est raté. Ça sonne comme du Austerity Program. Ou alors
un Melvins en mode 78 tours. Accélère encore. Encore une
fois. Ou un Bolt Thrower qui ne ferait ni du death-metal ni la guerre.
C'est donc du Godflesh. Avec un peu de Big Black. C'est à dire
la même chose que pour Austerity Program. On y revient toujours.
Bref, tout ça ne veut rien dire. C'est une vaste fumisterie. Je
m'y perds. Mais je m'y retrouve totalement dans Polonium. Du Austerity
Program en moins complexe, en moins mousseux, en plus direct, en plus
volcanique, en plus pierre & cheminée, en plus que tout mais
aussi bon que Austerity Program. Différent mais pareil. Eux ils
disent du Austerity Program en moins intellectuel. C'est également
une bonne réponse.
L'important, c'est que tu vas pas t'en remettre. L'important, c'est que
tu es comme un con à slammer sur ton canapé et que ça
va te laisser sur le carreau. À te démettre les cervicales
au doux rythme d'une boite à claques aussi frénétique
que hargneuse. À transpirer et loucher sur les riffs hyper mordants
et pointus d'une guitare et d'une basse en mode basiquement efficace et
broyage d'os. À s'accrocher aux cordes vocales d'une paire qui
a tatoué intensité au fond de sa gorge. Au feu intérieur
qui rongeait ces deux jeunes écervelés. À se dire
que leur science de la composition ne date pas d'hier. A succomber au
charme des nombreuses cassures, des ralentissements écrasants,
de la pression insoutenable et ta passion dévorante pour les poussins
jaunes. Mais belles bêtes. Et comme ça vient d'être
réenregistré par le méticuleux Foley, ça sonne
comme si ça venait d'être fait maintenant. Tout ce que ce
duo touche est d'or. Polonium aussi.
SKX (28/04/2016)
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