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Picore
Si No Olvido Bien - LP
Magofermin, Repetitor 2016
Cinq ans
que les Espagnols de Picore n'avaient pas donné de nouvelles. Depuis
le splendide Imaginate
Que Acierto. Avec toutes ces années qui défilent,
on aurait pu penser que Picore avait évolué un tant soit
peu. Nada, que dalle, rien. Mais ce qui sonne comme un reproche n'en est
pas un en fait. Parce que Picore avait mis quatre albums pour trouver
l'osmose parfaite dans leur mécanique demandant une très
haute précision rimant avec émotion. Alors maintenant qu'ils
possèdent la formule magique, autant en profiter, autant la magnifier
encore un peu plus.
Le cinquième album Si No Olvido Bien est donc une nouvelle
architecture de verre. Aussi fragile que coupante. Transparente pour mieux
laisser filer la lumière avec de multiples reflets pour renvoyer
une image merveilleusement complexe et insaisissable. Sept titres aux
structures rythmiques exquises, mambo démantibulé, tu ne
danseras pas tout l'été mais hypnotisé et piqué
tu seras. Picore continue de désarçonner par ces figures
géométriques fluides, la finesse d'un noise-rock qui n'oublie
jamais d'être percutant. Pas étonnant de retrouver Joe Goldring
(un des deux guitaristes d'Enablers)
au mixage. Outre le chant parlé de Dani Jimenez, bien que beaucoup
moins expressif que Pete Simonelli, qui se voit d'ailleurs comme un parolier
et non comme un chanteur (les crédits sur la pochette indiquent
toujours lyrics et jamais vocals), Picore aime le dialogue entre les musiciens,
le narratif de structures sans couplet ni refrain, la subtilité,
la sourde tension, des phrasés mélodiques courts et intenses
et la contemplation en horizon ultime se cachant derrière les pics
et les creux. Et ça tombe bien puisque le meilleur exemple et le
plus beau titre se nomme Montañas. Sept minutes d'un crescendo
subtil et patient avec des harmonies majestueuses et une vaste étendue
de mélancolie qui n'est que vallée de vents porteurs et
d'ensoleillement autant pénétrant que rutilant. Picore a
trouvé sa voie et creuse inlassablement un sillon sans surprise
mais toujours aussi passionnant.
SKX (08/07/2016)
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