pauwels
uns
octobertone




Pauwels/Uns
Split LP
October Tone 2016

Pochette sérigraphiée avec amour à 500 exemplaires, couleurs flashantes et tête de monstre pour faire peur aux petits enfants, ce disque est la rencontre entre deux groupes français. D'un coté Pauwels en provenance de Mulhouse qui avait déjà eu l'occasion de faire parler de lui trois ans auparavant. De l'autre, un trio de Limoges, Uns. Comme un et un font Uns au pluriel et non comme une horde. Leur domaine de prédilection, c'est le rock instrumental, ce que d'aucuns nomment aussi post-rock sans chanteur. Et ils vont s'attacher à démontrer qu'il est possible d'en jouer de très différentes façons.
A commencer par Pauwels au sein de ces quatre titres, voir au sein d'un même titre. Les six minutes et quelques du morceau d'ouverture (Ununtrium) sont là pour le prouver. Ça part comme du math-rock convulsif avec des mesures répétées à fond les ballons, des breaks sauvages, les deux guitares qui partent dans tous les sens et ça arrive là où on ne les attendait pas du tout, c'est à dire un truc tout ambient, très calme, proche d'un drone maussade et flippant qui prend toute la moitié du titre, comme si les voisins s'étaient plaints du bordel d'un seul coup. Étrange. Le titre suivant (Warmley) part encore sur une autre piste. Ça reste dans le domaine de l'ambiance bizarre, des notes jouées sans faire de bruit, l'explosion est attendue à chaque instant mais c'est peine perdue et le rendu est ma foi intéressant. La déflagration est pour le troisième morceau (166). Court, saccadé, noise mais qui laisse un peu sur sa faim avant de finir par Baltika, cinq minutes durant lesquelles le quintet Pauwels reprend ses habits math-rock-noise exécuté avec discernement, entre véhémence et retenue, jouant autant sur l'atmosphère sous tension que les coups de butoir. Comme sur leur précédent disque, Pauwels montre une palette de sonorités et d'approches variées. Ça peut se révéler déconcertant, pas toujours abouti mais Pauwels ne s'impose pas de limite. Et à ce petit jeu là, ils sont de plus en plus pertinents.
Quant à Uns, ils aiment s'étaler dans les longueurs qui font peur. Deux morceaux de neuf et onze minutes. On en a pendu pour moins que ça. Heureusement, Uns a chopé le syndrome L'Effondras avec qui il serait tentant de les comparer. L'approche blues est remplacé par un sentiment beaucoup plus psychédélique avec cette guitare noyée dans les effets mais pour ce qui est de la nervosité constante et la dynamique qui avance toujours, Uns ne lésine pas. Deux titres avec un nom quasi identique, Faire Mourir Et Laisser Vivre et Faire Vivre Et Laisser Mourir. Comme le miroir d'une même composition qui n'a pas de frontière, ni de fin, comme un long morceau enchaîné avec des coups de basse qui résonne dans les têtes, un certain sens de la tragédie, des thèmes qui reviennent, se finissent dans une lente agonie d'un riff répété, un retour de flamme et une petite étincelle ne cessant de briller tout au long de ce qu'on peut appeler une découverte très intéressante. Uns comme une première sortie qui en appelle d'autres.
Le rock instrumental a encore de la réserve.

SKX (19/11/2016)