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Pardans
Heaven Treason Women LP
Third Coming/Premium Abundance 2016
Mes longues
années de pratique du danois me permettent d'avancer sans ambages
que Pardans signifie danse de bal. Ou un truc de ce goût là.
Maintenant, faire danser votre partenaire sur la musique de Pardans, c'est
l'exposer au risque de l'envoyer valser dans les tables après lui
avoir asséner un coup de boule. C'est l'émoustiller sur
une palette de rythmes très variés, lui faire prendre la
douche écossaise, se prendre un coup de pied dans les tibias après
lui avoir pincé les fesses lors d'une mesure plus calme et propice
au rapprochement des corps, tituber, trépigner et lui promettre
du rêve à condition de ne pas soulever vos aisselles.
Le plus surprenant est de constater l'âge de ce groupe. A peine
vingt ans, voir encore dans la dizaine et une maîtrise de vieux
briscards, une maturité dans l'écriture qui va de pair avec
la fougue de leurs artères, du discernement en contrepoint de leur
allant. Pardans contrôle ses hormones. En plus, la formation est
originale, ce qui demande une mise en place encore plus élaborée.
Outre l'indéboulonnable guitare, basse, batterie et chant, un saxophoniste
et un violoniste se rajoutent au générique. Et chacun trouve
sa place comme des grands, se fait entendre sans en rajouter.
A chaque fois qu'un groupe un peu noise et un peu rock dont la tendance
est de ruer dans les brancards débarque avec un saxo, c'est toujours
Sweep The Leg Johnny, groupe de Chicago entre 1995 et 2002, qui vient
à l'esprit. Pardans n'est esthétiquement pas très
loin et la comparaison tient la route encore une fois bien que ces très
jeunes danois n'ont certainement jamais entendu parler de ces vieux ricains.
Au final, sept titres (huit en version digitale avec le percutant Roared
With Delight) maniant à merveille le marteau et l'enclume,
l'hardcore d'un mouvement expérimental, le complexe du punk, la
mélodie du noise, l'avant-garde qui explose en mille morceaux,
les complaintes d'un saxo à possibilités multiples, les
stridences discrètes du violon, le brutal et l'harmonieux évoquant
aussi bien Birthday Party que Iceage pour la tonalité du chant
de Gustav Berntsen (à croire que tous les Danois ont la même
voix), des passages proches du chaos et des douceurs surprenantes.
Concassées, méchamment groovantes, teigneuses ou tempérés,
les compositions de Heaven Treason Women font mouche à chaque
fois, sans facilité et intelligemment conduites, mettant sur le
tapis un nouveau groupe qui n'a peur de rien.
SKX (15/11/2016)
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