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thrilljockey





Oozing Wound
Whatever Forever – 2xLPs+comic book
Thrill Jockey 2016

Whatever Forever. C'est exactement ça, du moment qu'un nouvel album d'Oozing Wound débarque, régulièrement, nous apporter notre dose de trash-noise-metal mutant. Le reste de l'humanité peut bien crever le ventre à l'air. Cassage de nuque et riffs saignants. Repu, la tête vidée. Prêt à tout, à tout regober mais le sourire carnassier. Le trio de Chicago est un expert. C'est le troisième album qu'il nous refait le coup. Retrash, Earth Suck. Whatever Forever poursuit ce patient jeu de déconstruction/reconstruction d'une musique qui ne dit plus son nom, se jouant des étiquettes comme un politicien de la morale. Comme le dit si bien Oozing Wound lui-même : You want fast shit ? We got it ! You want slow shit ? We got it ! You want weird shit ? Fuck yeah, you do. Le reste n'est que ville considération d'apothicaire.
Whatever Forever est une puissante et foutrement bonne grosse dose de drogue, un disque de rock transversal et traversé par des rites païens. Le fun et l'apocalypse, de quoi d'autres a besoin le peuple ? Oozing Wound franchit ainsi un nouveau palier dans la béatitude de riffs nucléaires et de rythmes pilonnant en cascade avec un chant haineux qui fait la joie des enfants. Les compositions sont plus longues, plus juteuses et affûtées que jamais. Plus mélodiques aussi, ce qui n'est pas pour déplaire car on est encore loin de les chantonner sous la douche mais l'enrobage est succulent comme cette grosse montée de tension charmeuse sur le brûlant Deep Space. Aucun signe d’essoufflement, bien au contraire mon cher. Un cran au-dessus dans la folie furieuse, dans la maîtrise de la force, le souffle épique et l'inspiration divine. Les cinq titres du premier disque jaune sont une quinte flash royale de la même couleur, la rouge, celle qui coule dans les veines de trois metal heads nourris à l'extrême, au noise le plus vicieux et rédempteur, des morceaux qui mettent en transe, qui rendent dingue, une intensité à couper au couteau, un batteur qui ne sait faire que ça et comme une brute avisée, la pure bestialité renversant tout sur son passage.
Sur la troisième face toujours aussi jaune, Oozing Wound place deux titres plus courts qui ne sont pas faits pour le repos du guerrier car le trio ne connaît pas la demi-mesure (Eruptor et You Owe Me, Iommi, instrumental aussi rigolo que son nom) et trois autres compos concourant à la journée de la cerise sur le gâteau avec le potentiel hit Everything Sucks, And My Life Is A Lie (faudra voir tout de même à modifier le titre commercialement inadéquat) et les deux uppercuts cinglants comme une liqueur de châtaignes, Tachycardia et Sky Creep. Quand à la quatrième face, c'est la meilleure puisque aucun titre n'y figure, seulement un gribouillage débile. Vous rajoutez une bande-dessinée de grenouilles défoncées, une pochette qui sent bon les champignons hallucinogènes et vous obtenez un album forcément hallucinant, le meilleur album à ce jour d'un groupe qui ne sait pourtant qu'écrire des albums qui défoncent tout avec intelligence et maestria. Mais où s'arrêteront-ils ?

SKX (20/10/2016)