|
No
Form s/t 12'' Reagent/Muscle Horse 2015 No Form ne
chipote effectivement pas sur les structures. Leur bruit se répand
comme la gangrène, un vol de corbeaux sur des plaines de sang noir,
la rosée perlante d'une fraîche matinée tournant en
vinaigre de pisse, bref un bon gros vieux bordel. No Form a tout de même
une origine, Leeds, le nord de l'Angleterre, l'embrouille à plein
nez et la misère par derrière. Sur la face A, quatre titres
n'ayant pas pour ambition de dépasser les deux minutes, encore
moins d'y glisser un quelconque début d'once de bout de mélodie.
Esthètes de la musique, passez votre chemin. C'est la catégorie
saccage & carnage avec le chanteur qui a la bonne idée de mettre
ses paroles sur l'insert car dans le vomi qui lui sert de chant, difficile
de distinguer cultivate et I want to go back. Leur credo,
c'est un punk-noise extrêmement salopé façon Rectal
Hygienics ou Twin
Stumps, voir du Brainboms en mode accéléré et
très abrégé. La rythmique punitive, la guitare punitive,
ils jouent en se tapant la tête contre les murs, le choc des os,
chair contre la chair, primaire rimant avec glaire. C'est pour ça
que c'est bon. Mais faudrait pas que ça s'éternise non plus.
Ce qui est donc le cas. Lucide. Face B, un seul titre sans nom s'étalant
au-delà des sept minutes. Une trompette totalement bouchée
tente de faire diversion. Le rythme est pesant et tente de maintenir à
flot une longue lamentation ne demandant qu'à partir en couille.
Le miracle est que No Form arrive vivant à la fin non sans quelques
mortels soubresauts du batteur et une guitare dont les larsen et les saturations
sont une seconde peau. Je ne sais pas ce que No Form peut donner dans
le futur et encore moins si ce groupe en a raisonnablement un mais c'est
un premier pas dans la vie qui demande une suite. |