multicult
reptilian


Multicult
Position Remote – LP
Reptilian 2016

Quatrième album depuis 2010 des prolifiques Multicult. Sans oublier deux singles et un split encore tout chaud. Ce qui ne les fait pas bouger pour autant d'un iota de leur ligne de conduite. Si vous avez suivi les épisodes précédents, vous connaissez la rengaine. D'un disque à l'autre, le trio de Baltimore continue de creuser un trou identique dans le noise-rock pour déverser son torrent d'acidité et tenter de capturer l'essence même du noise-rock. Ça peut en décourager certains mais quand on est tombé dedans tout petit, difficile de s'en passer. Car si Position Remote est très ressemblant à son prédécesseur Variable Impulse (jusque dans le titre et la pochette, à croire que c'est un concept), il est de qualité égale. C'est toujours ça de pris.
Multicult ne faiblit pas, possède le feu sacré et comme on dit à la belote, quand on est sous la pissée, il faut en profiter. Nouveau tour de piste donc avec dix morceaux à la tenue impeccable avec ce sens de groove toujours aussi reconnaissable, excepté le dernier, Landfill, petite excentricité instrumentale toute tordue et grimaçante. Position Remote semble d'ailleurs encore plus axé sur le rythme. Batterie et basse, c'est normal mais la guitare également. Tout est question de cadence, d'intensité de frappe, d'accords et de riffs dans le tempo, faire corps avec une machinerie parfaitement huilée sans que cela ne paraisse jamais trop propre. Multicult n'a pas son pareil pour faire sentir la densité des grincements. Une arme de précision, c'est pas fait avec du plastique mais avec du métal qui chauffe, qui suinte et ne laisse aucune chance à la pauvre biche apeurée que tu es par trop de pression quotidienne.
Le guitariste et chanteur Nick Skrobisz ne cherche donc pas tant le riff lumineux qu'entraîner l'auditeur au fond de la mine, là où on met les mains dans le cambouis, là où le noise-rock transpire, se malaxe, brille d'un noir encore plus noir et se vit comme si on était dans la bête à entendre le cœur battre un peu plus fort. Et celui de Multicult est pleinement et parfaitement irrigué. Alors si vous aimez tous ces groupes affiliés à l'esprit Albini et celui qui flotte dans l'air vicié de Chicago, à Big'n et tous ces groupes qui respirent le noise-rock à plein nez, essayer Multicult, ça sera sur le champ l'adopter.

SKX (23/09/2016)