morkobot
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Morkobot
Gorgo – LP
Supernatural Cat 2016

Avec sa pochette aux couleurs des Sex Pistols, Morkobot ne s'en bat pas les balloches et frappe un grand coup des deux cotés de la ceinture. La force de Morkobot est légendaire. Pour le meilleur et pour le pire. Avec le cinquième album Gorgo, le trio instrumental italien batterie/basse fois deux a décidé d'aller vers plus de limpidité et de persuasion. Ce qui en langage Morkobot ne signifie pas encore un long fleuve doré et apaisé. N'empêche, alors que le précédent disque avait dépassé les limites de la bienséance et mis a mal les plus résistants aux structures obscures et austères comme une politique de relance, Gorgo retrouve le chemin d'une certaine efficacité.
Bien sûr, ce n'est pas le genre de disque à s'envoyer facilement. Il faut être dans des dispositions mentales irréprochables et une forme physique digne d'un athlète russe pour se frotter à la musique de Morkobot. C'est du rugueux, du forcément très rythmique où il ne faut pas chercher la basse qui va se dévouer à jouer la partition de la petite mélodie du bonheur pendant que l'autre cogne. Tout cogne chez Morkobot. Batterie et basses à l'unisson dans un bel élan de concassage. Mais avec Gorgo, le trio retrouve le plaisir de s'amuser, de varier les positions des doigts sur les manches d'acier, diversifier les vitesses, jouer avec différentes sonorités et des pédales d'effets de l'enfer, tendre des pièges, appuyer encore plus quand ça fait déjà mal, de trouver les quelques notes de basses qui sortent du lot, des détails qui font la différence, les lignes qui tirent vers le haut avec une violence et une rudesse qui font qu'on ne décroche pas au bout de deux titres. Le groove n'est plus aussi impénétrable. Les ambiances graves et sombres forment des arêtes invincibles. Blocs massifs sculptés au lapidaire de compétition, traversés par des coups de boutoir épiques. Seul le titre de sortie qui a donné son nom à l'album dilue tout au long de ses neuf minutes et des poussières un doux parfum d'onirisme troublant. Car la tendance générale n'est franchement pas à faire des prisonniers. Ça bastonne avec moult convulsions mais ça bastonne, précisément, profondément, ça va sans cesse de l'avant avec ce vent de folie pour tout balayer sur son passage, même les réticents. Car certes, Morkobot est une sacré bestiole, pas le genre de truc que tu t'enfiles au petit déjeuner mais sur Gorgo, le trio a resserré les boulons, sorti la grosse artillerie et la fait tonner avec un amour puissamment intraitable.

SKX (26/08/2016)