meatwound
magicbullet



Meatwound
Addio – LP
Magic Bullet 2015

Le rouge de la pochette aussi rouge que le vinyle résume parfaitement la vision sanguinaire émanant de l'écoute de ces six titres. Une véritable boucherie, une féroce agression des sens, un mets ultime dans la catégorie noise-rock de l'enfer. Vous ne goûterez peut-être que très modérément le chant farouchement guttural d'égorgeur de sangliers et je peux le comprendre. Mais l'accès à la viande de qualité supérieure demande quelques sacrifices et ce chant finit par trouver sa place, le vernis suprême qui transcende le fumet dans un océan de furie. Car derrière le chanteur, les trois musiciens sortent l'artillerie lourde, très lourde. Avec en chef d'escadron, le bassiste. Chaud devant. Une basse carnassière qui ne fait pas de quartier, formant avec la batterie une redoutable machine à faire pâlir les Melvins, un monstre de lourdeur et de puissance ferrailleuse lancé à grande vitesse sur les rails de la démesure. Assourdissant.
Les morceaux se nomment Goliath, I Am Transgressor ou Funeral State. Les marques d'une noise über écrasante, dominatrice, punitive, rouleau-compresseur chaotique et convulsif. Dans ce groupe de Floride avec notamment d'anciens Combatwoundedveteran, ça ne s'embarrasse pas de ce truc de fiottes qu'on appelle mélodie. Meatwound est entièrement tourné vers le concassage rythmique, le martèlement oppressant, la guitare meuleuse, le déferlement continu d'une hargne épaisse et brutale. Dans le genre, Meatwound excelle. Derrière leurs allures de déménageurs descendant des vallées obscures, les quatre Meatwound font preuve d'une belle aisance technique pour vous ruer de coups, partir dans des groove sauvages pour vous plier en deux de plaisir bestial, des joutes rythmiques qui prennent le meilleur du noise-rock pour faire monter dans les tours et tapisser le fond d'une couche de sludge, de hardcore viril et limite bruitiste. C'est parfois éprouvant mais c'est surtout une méchante branlée qui fait du bien par où ça passe.

SKX (08/01/2016)