making
trait


Making
Highlife - LP
Trait 2015

C'est l'histoire d'un disque qui a mis un temps infini à traverser les océans et d'un label qui semble ne pas avoir envie de vendre ses productions. Heureusement, il existe des chemins détournés. Highlife est lui même un disque qui a eu deux ans de gestation dans les dents avant de trouver une maison pour l'accueillir. Qui se ressemble s'assemble. Le trio Australien Making a donc réalisé son premier album en septembre 2015. A la même époque, Trait records avait publié pour la première fois la version vinyle de Absence par feu-Snowman qui datait à l'origine de 2011. Le label a dû être débordé. Le DIY a ses limites. C'est pas pour cette raison que Making va être bouder.
Seulement six titres mais pratiquement une demi-heure de noise hybride, d'explorations soniques et de chaos multi-directionnel. Mais aussi d'une forte assise rythmique, parfois sombrement et vaguement entraînante, d'une basse profonde et imposante, de mouvements répétitifs et de sourdes, puissantes et longues explosions. Making a des allures de My Disco mais qui ne fait pas du silence et du minimalisme son cheval de bataille. Un travail sur la masse sonore, des intonations, un martèlement rythmique qui s'en approche. Pour le reste, Making durcit largement le ton comme sur Come To Me en forme d'apothéose, violente charge offensive avec un chanteur qui se lâche, lui qui est beaucoup plus discret sur un album à tendance instrumental.
Making, c'est aussi une approche plus Battles ou Electric Electric pour faire français avec Amazon. Rythmique qui se veut dansante pour amener à la transe, chant éthéré. Sans être dégueulasse, les quasi sept minutes de cette compo sont loin d'être mes préférées. Le bruit de Making s'enveloppe parfois d'une esthétique electro/synthé alors qu’apparemment, le seul titre où les machines font surface, c'est sur Pascal avec l'invité Ben Carey. Des réminiscences de leur proche passé et de précédents travaux plus mélodiques qui heureusement tendent à s'effacer. Highlife se dirige de plus en plus vers un noise-rock tendu, qui broie en noir de la dissonance, élabore des tapis de rythmes tapageurs, flirte avec un math-rock qui n'en rajoute jamais, cherche à hypnotiser sans faire de concession et promet de belles futures réjouissances.

SKX (25/05/2016)