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Lord Mantis
Nice Teeth Whore – 12''
New Density 2016

Règlement de compte chez Lord Mantis. Le souffle encore coupé avec la furie Death Mask, on apprend que les deux géniteurs de cet album (le bassiste/chanteur Charlie Fell et le guitariste Ken Sorceron) sont forcés de se séparer de leur propre rejeton par l'autre moitié du groupe avec qui ils se sont joyeusement mis sur la gueule lors de la tournée qui était forcément la dernière. L'autre guitariste Andrew Markuszewski (surnommé Robocop par les membres de Eyehategod lors d'une tournée commune et ce n'est pas un compliment) et le batteur Bill Bumgardner reprochant à Fell ses gros problèmes d'addictions à des substances illicites, ils ont tout simplement repris Lord Mantis et la réussite de Death Mask à leur compte.
Un nouveau chanteur qui ne fait que ça, un bassiste et un guitariste transfuge de chez feu-American Heritage (Scott Shellhamer) qui débarquent et la lave peut continuer à se propager comme si de rien n'était. Ou presque. Parce que si on peut toujours se gausser sur ces vaudevilles au pays du black metal, il reste tout de même un brin de justice dans ce bas monde. Nice Teeth Whore, c'est du Lord Mantis tout craché mais ça reste un ton en-dessous de Death Mask. Les élèves n'ont pas rattrapé les maîtres. Mais ça reste tout de même très solide, de ce genre de fulgurance vitriolée qui transcende les genres – le metal en l’occurrence – pour le piétiner sans vergogne et l'amener dans ces derniers retranchements. Une folie et une hargne profondément malsaine née des entrailles malades d'un junkie en moins mais le couteau et la queue du diable entre les dents toujours. Le chant de Dylan O'Toole ressemble à s'y méprendre à celui de Charlie Fell. Un fiel venimeux se confrontant à toute la crasse du monde. Les quatre titres de Nice Teeth Whore n'apportent rien à l'édifice cinglé de Lord Mantis. Les nouveaux ont encore leur place à trouver. Mais quand les fondations sont là et qu'on est touché par la bête, qu'elle déteint, rampe dans le moindre interstice de Nice Teeth Whore, l'effet est encore une fois redoutable. Le personnel change mais le flambeau brille toujours très haut.

SKX (02/09/2016)