karies
thischarmingman
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Karies
Seid Umschlungen Millionen LP
This Charming Man 2014
s/t EP - 12''
This Charming Man 2016
Karies, c'est
de l'Allemand, et ça veut dire comme en français, ce truc
qui pourrit les dents à défaut de mettre un grand coup dans
les gencives. Car ce groupe originaire de Stuttgart excite les dents autant
qu'il les agace. En gros, Karies évolue dans la sphère post-punk.
Avec un accent prononcé sur le mot punk. Sa musique possède
cet effet immédiat, impulsif, séduisant derrière
ces lignes rythmiques très entraînantes et les mélodies
sous acide qui forcent le passage et font frissonner l'épiderme.
Dans un second temps, la frappe rigide et métronomique aurait tendance
à lasser et dessiner des lignes droites qui ne vont nulle part.
Surtout, quand Karies ne sort pas la bonne petite mélodie qui va
avec ne faisant pas décoller la compo. Il est alors assez facile
de passer à travers ces trépidations qui apparaissent vaines.
C'est sans doute pour ces tergiversations qu'il a fallu un temps fou pour
se décider à se procurer oui ou non leur premier album Seid
Umschlungen Millionen publié en 2014. Ce sont des morceaux
comme Traum von D. qui ont finalement donné envie. Parce
que sur les onze titres, vous aurez compris que tout n'est pas parfait
mais certains titres sont à tomber. Les huit minutes de Traum
von D. en font partie. Karies est capable par moment de vous emmener
très loin. Les trépidations du batteur ne sont plus vaines.
La nervosité constante du groupe enflamme les membres inférieurs.
La mélodie des deux guitares fait des ravages et on court encore
que ce morceau est pourtant fini. Idem pour les sept minutes de Sylvia.
A croire que les Allemands ne s'épanouissent que sur la longueur.
Et il est vrai que leur course en avant prend du sens et de l'épaisseur
en s'étalant dans la répétition. Mais Karies est
aussi performant quand il s'agit de placer quelques brefs coups de collier
à l'instar des deux titres introductifs, Abwärts et
surtout Kariman qui aurait une forte tendance à rester dans
le ciboulot. Et avec ce chant en allemand qui claque et le chant très
énergique et expressif, Karies finit par emporter l'adhésion.
Les hésitations n'auraient pas dû être permises. Un
groupe à situer entre Die
Nerven (des potes à eux de Stuttgart dont un membre, Max Rieger,
a d'ailleurs produit l'album) en plus percutant et Diät,
mais moins connoté par le post-punk.
Ce qui nous
emmène direct à l'actualité chaude et brûlante.
Un single est bien sorti entre temps (Parole Grätig en 2015
sur Harbinger
Sound et In
A Car records) mais la nouveauté, c'est un quatre titres, toujours
sur This Charming Man. Max Rieger est toujours aux manettes. Ce qui tombe
bien puisque Karies n'a pas bougé d'un iota de sa ligne directive.
Sauf que cette fois, il donne unilatéralement dans la brièveté,
accentuant le punk qui sommeille en eux. Sans renier la mélodie
qui veille sur leurs penchants les plus pervers. La face A avec Win-Win
et encore plus Kartell sont deux beaux exemples tendus, revigorants,
énergiques d'un post-punk revisité comme la tarte aux fraises
de Ducasse. C'est à dire que ça n'a plus grand chose à
voir avec le produit d'origine mais il faut bien vous faire manger de
tout, bande de difficiles. Parce qu'au final, Karies finit par faire avaler
des couleuvres à n'importe qui, quelque soit votre cuisine, brouiller
les pistes, mélanger les plats, grignoter à gauche et à
droite et servir du punk aussi moderne que ancré dans les traditions,
parlant aussi bien aux petits durs qu'aux curs tendres. Et comme
les deux compos de la face B ne sont pas en reste, il n'a pas fallu attendre
deux ans pour se procurer ce disque. Une belle mise en bouche pour les
personnes désireuses de s'initier aux Karies.
SKX (12/05/2016)
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