hyperculte
bongojoe
redwig


Hyperculte
s/t – LP
Bongo Joe/Red Wig 2016

Ces deux drôles de bestioles poilues émergeant dans la brume sont Simone Aubert (batterie, chant et un brin de guitare) et Vincent Bertholet (contrebasse et chant), soit respectivement des membres de Massicot et d'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Sur les bords du lac de Joux en Suisse, il se passe des événements étranges. Ou quand le folklore suisse rencontre l'exaltation des rythmes, la tradition d'une culture locale ancestrale en support d'une transe sans âge et sans frontière.

Il était écrit que ce disque allait être singulier et singulier il l'est tout en parlant au plus grand nombre. Un duo contrebasse/batterie ne se croise pas sur toutes les routes des campagnes suisses et bien au-delà. Un groupe puisant son inspiration pour les paroles dans des textes de Brigitte Fontaine, Tristan Tzara, William Shakespeare et Douglas Adams ne surgit pas non plus à tous les coins de bois, même les plus exotiques. Essence rare pour Hyperculte au fondement, le duo bouscule les repères. Et fait danser avant tout. Le carnaval ne se fait pas en tirant la tronche. Hyperculte égaye les foules en le faisant réfléchir. Ça galoppe, ça galoppe (oui, écrit avec 2 P, erreur de frappe ou l’orthographe au nord du lac Léman est-elle aussi singulière ?). Batterie et contrebasse sont là pour faire tourner les têtes et déhancher les bassins, amener à l'hypnose, faire résonner les mots, répéter les phrases dont la signification et les images engendrées font galoper l'imagination, laissant place à toutes suppositions. Une transe plus onirique que physique, propre à l'élévation plutôt qu'à la sueur, ce qui, en concert, provoque l'effet contraire pour les avoir vu l'année dernière au fond de la salle du Marquis de Sade à Rennes. De l'Orchestre Tout Puissant, de The Ex, Dog Faced Hermans, il en est aussi question (de tradition, encore une fois) à la croisée d'une approche pop, mélodique, douce amère, expérimentale. Vincent Bertholet triture son instrument, le rend abstrait, frappe les cordes, le fond dans le paysage ou sonne comme un violoncelle. La conjugaison du chant tour à tour féminin et masculin accorde les genres sans présenter de grandes possibilités d'envolées chatoyantes. Hyperculte fait rêver ou aime mettre Le Feu, fait décoller sur des compositions bigarrées et haletantes, baigne dans une agréable mélancolie vivifiante et possède le souci du détail et de la finesse au-delà de l'effet général entraînant. Un disque organique et cérébral. Hyperculte exulte un joli tumulte.

SKX (19/10/2016)