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Gentle Veincut/Poutre
split – 12''
Amor Komma/Assos’Y’Song/Boom Boom Rikordz/Day Off/Et Mon Cul C’est Du Tofu/Gabu Asso/Katatak/Rejuvenation/Whosbrain 2016

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. L’idée d’un split avec Poutre et Gentle Veincut me semble être l’une des meilleures idées qui soit. Je parle évidemment en tant que vieux noiseux réactionnaire et pauvre sac à merde invétéré qui défendra toujours ce genre de disques permettant d’écouter deux groupes inestimables de la scène noise-rock européenne mais qui malheureusement se font bien trop rares à mes yeux et à mes oreilles. C’est que cela fait un bout de temps que l’amateur du genre n’avait pas eu l’occasion d’écouter quelque chose de neuf de la part de Gentle Veincut (sauf erreur de ma part : 2007 et un autre split avec Kandinsky chez Gaffer records). A tel point que je pensais le groupe perdu corps et âme et définitivement bon pour le mausolée des vieilles gloires du passé.

Et bien non. Les Allemands sont bel et bien toujours vivants et le prouvent avec éclat et une classe infinie grâce aux trois titres présents sur ce disque. D’abord un Heads Off tendu et hargneux. Puis un Steel Boots lentement agile, savamment torturé et inexorablement princier qui va une nouvelle fois me faire dire que les vieilles recettes sont souvent les meilleures, surtout lorsque elles sont utilisées avec autant d’à-propos, d’efficacité et de conviction. Mais Heads Off et Steel Boots, aussi bon soient-il, ne sont qu’une mise en bouche de luxe : Lady Neckbreak en est en quelque sorte le superlatif, autrement dit voilà un titre qui nous propulse encore plus directement dans les méandres d’un noise-rock 90’s de (très) haute volée – guitare qui tranche, basse qui claque et un chant féminin qui n’en fait jamais trop mais ne se laisse non plus jamais dominer par la musique, un chant qui force le respect et que l’on ne peut qu’écouter avec ce genre de dévotion qui confine à l’abandon. Maintenant j’ose espérer que ceci n’est pas simplement un faux départ pour Gentle Veincut et que le groupe sortira un nouvel album avant les dix prochaines années.

Passons aux arlésiens de Poutre. Eux aussi se font plutôt rares (mouhaha) bien que leur deuxième album Voglio Di Piu date seulement de 2013. Un LP marqué par une progression insensée par rapport au premier album du trio et dont Invoices et Money Talks sont les plus dignes des successeurs. Déjà c’est un vrai bonheur de (ré)écouter Poutre. Mais que dire de ces deux titres si ce n’est qu’ils sont frénétiques, incroyables, spectaculaires et complètement fous ? Invoices possède ce mérite parmi les mérites de réconcilier la méchanceté de la noise et la convivialité du punk – ce passage au milieu me donnerait presque envie de faire du skateboard. Quant à Money Talks, il enfonce tout simplement le clou, démontrant à nouveau que Poutre est un groupe expert dans l’art de combiner fureur et mélodicité, agressivité et entêtement, groove frénétique et fracassage de boites crâniennes. Je me retrouve complètement comblé mais là aussi j’espère que Poutre ne va pas s’arrêter en aussi bon chemin. Les gars vous avez compris ce qu’il vous reste à faire.

Hazam (29/05/2016)