farcorners
limitedappeal

C'est tout ce dont t'as besoin. Une bonne canicule pour transpirer sous le perfecto, un métro vide fonçant dans une merde noire, des hordes d'Allemands en birkenstock envahissant ton espace vital. Far Corners a eu une première vie à Las Cruces, dans la moiteur du Nouveau-Mexique. Deux singles et un split plus tard, cap à l'est, dans le Rhode Island. Seul le guitariste-chanteur Justin Hubbard a fait le voyage. Nouveau batteur, nouveau bassiste, un nouveau départ s'offre à Far Corners. Le disque du jour est l'ultime témoignage avec l'ancien line-up. Cinq morceaux enregistrés en 2014 que Limited Appeal publie seulement maintenant, à 214 exemplaires exactement, unique vu que ce vinyle gravé d'un seul coté comporte apparemment un dessin ou une couleur différents à chaque fois sur l'autre face. Limited Appeal en presse peu mais avec beaucoup d'amour.

Et d'amour, Far Corners en distribue à chaque seconde. De l'amour vache, sans fleur, sans dentelle, c'est du primaire et du crasseux mais ça vient du fond du cœur. Un proto-punk-garage qui explose à la gueule dans une magnifique boule de suif remplie de saturations, de grésillements radioactifs, de saleté trépidante que tu t'empresses de badigeonner sur ton corps chétif de punk sous-alimenté. Par contre, ça donne drôlement soif. Les cymbales zèbrent l'air et les mélodies bombent le torse. Ah, ce petit riff urgemment plaisant et follement dissonant qui ne s'était pas fait annoncer à la toute fin de Cut Not Paste. Les trois accords, pas un de plus, qui claquent sur Rally. Ce rock'n'roll du fond des âges qui rajeunit d'un coup, la basse rocailleuse, le coup de baguette sec et primordial, l'envie de retourner vivre dans une caverne, de faire du hula hoop sur Empty Mine et te laisser aller, enfin, pleurer en silence des larmes sèches sur le dernier titre Ex-Employee qui finit dans une baston mémorable parce que ça fait du bien de taper sur le patron. C'était une très belle manière de se dire au revoir, de solder les comptes. Espérons que le nouveau départ soit à la hauteur des adieux.

SKX (19/06/2016)