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Drive With A Dead Girl
Le Rivage – CD
Self-released 2015

La petite entreprise Drive With A Dead Girl continue de ne pas connaître la crise. Enchaînant les disques comme d'autres les petits boulots. Sans faire de bruit, à l'ombre des modes, à l'abri des courants porteurs à la destinée trop incertaine et superficielle. Drive With A Dead Girl, c'est l'amour de l'artisanat, du produit fait sur mesure, du travail qu'on fait avant tout pour soi même, avec l'impression tenace que tout ça est fugace et qu'il faut en profiter à fond.
Le Rivage est le huitième album des Lillois. C'est toujours aussi peu connu mais chaque nouvelle sortie de Drive With A Dead Girl est un moment qu'on ne raterait pour rien au monde. La petite entreprise, épanouie, exhibe des trésors électriques, fragiles à souhait. Ce n'est plus une surprise. Le mélange froideur et fines dissonances sur une constante corde raide, longues digressions planantes et soniques, chant envoûtant, minimalisme de l'enregistrement, une marque de fabrique dont on ne se lasse pas. Dès le premier titre WIYE et encore plus avec le suivant Janitor, la voix d'Alexia vampirise, chancelante et radicale. Le piège se referme à nouveau. Le tour de force du groupe lillois a toujours été de faire coexister le malaise et la beauté. Une cold wave décharnée et noisy évoluant toujours dans un espèce de flottement, prêt à se casser la gueule à chaque instant. Le Rivage n'échappe pas à cette règle bancale, bord mouvant et imprécis, le froid alternant avec des vagues de mélancolie et de sourde tension. Comparé au dernier album en date Alma Ata II, Le Rivage semble baigner dans un halo encore plus traînant, faussement lent. C'est maintenant certain, on va tous crever à la fin. Ambiances maladives magnétisantes. Compositions aussi embrumées que rampantes, délivrées parfois avec un naturel déconcertant à l'instar du début de Silverbowl avec le chant masculin à la justesse très aléatoire et l'accent anglais à couper au couteau.
Le Rivage n'est pas un album parfait. Drive With A Dead Girl n'est pas le meilleur groupe du monde. Mais c'est encore une fois une musique terriblement attachante, une musique qu'on écoute égoïstement et dont l'univers singulier nous rappelle sans cesse qu'on est bien peu de chose.

SKX (01/03/2016)