donvitodonvito
head
tremorpanda


Don Vito
Comment Ça Va Light My Fire - LP
Head/Tremor Panda 2015

Pour être franc, je n’ai jamais été un fan absolu de Don Vito. Sur disque comme en live j’ai toujours trouvé la musique du trio un peu trop rigide et un peu trop policée derrière ses airs de barouf strident et d’épilepsie intentionnellement contagieuse. De la musique pour s’agiter en concert comme un mongol décérébré avant de rentrer chez soi, après une bonne déculottée calibrée, avec le vague souvenir d’avoir passé un bon moment gentiment taré et d’avoir transpiré quelques hectolitres de bières sous son anorak. Don Vito a la niaque, oui, ils ont aussi des belles lunettes dans le groupe mais ce qui manque clairement ici c’est, comme trop souvent avec toutes ces formations de noise de troisième (?) génération, la crasse et la méchanceté. La noirceur. Le malaise. Le trou noir. L’oubli. Le mal. Peut-on donc rire avec désinvolture – voire s’amuser – tout en jouant de la musique qui fait un peu de bruit ? Don Vito semble toujours répondre par l’affirmative.

Et le groupe de renchérir une fois de plus avec Comment Ça Va Light My Fire, cinquième album publié conjointement par Tremor Panda et Head records. Un disque dont la pochette gatefold très colorée et le titre ne laissent guère planer de doute : Don Vito c’est du festif (les vieux noiseux et autres sacs à merde appellent cela de l’« happy noise ») et de la décontraction nerveuse mais sans aucune once d’impertinence, de perversité et de saloperie. Les amateurs du groupe apprécieront, comme toujours, et les ronchons hausseront les épaules d’un air narquois. Mais curieusement, je me situe dans un entre-deux. Comment Ça Va Light My Fire est certainement le disque à la fois le plus abouti et le plus varié de Don Vito et c’est peut-être tant mieux. Aux pitreries bardées de riffs piqués à Arab On Radar et de rythmiques barrées succèdent des titres plus ensoleillés (les maillots de bain sont de sortie et c’est le moment de boire un bon cocktail de jus de fruits exotiques) donc mon cœur balance entre envie de taper du pied – voire de taper mon voisin avec mon pied – et abattement réfractaire à toute forme de joie de vivre.

Côté salade il y a des titres assurément extrêmement bien foutus comme Crystal Motor et ses quelques incursions caribéennes agrémentées de sauce pimentée et sucrée, celle dont tu te sers habituellement pour faire passer le goût de viande pour animaux domestiques des rouleaux de Printemps que tu as achetés au rayon asiatique de ton supermarché préféré. Côté grosse nouille il y a ce Problem qui n’en est finalement pas un, une longue tirade martelée façon poids lourd de presque six minutes (sans nul doute un record pour Don Vito), un titre déboulant à la toute fin de Comment Ça Va Light My Fire et qui sauve largement l’album de l’anecdotique – et l’effet provoqué par Problem lorsque j’ai récemment vu Don Vito en concert a été exactement le même, comme quoi… Mais Don Vito, adepte du format (très) court et des cavalcades dans les prés fleuris, peine à tenir la distance sur toute la longueur d’un LP et ce n’est donc pas en intitulant l’une de ses chansons Funny Is Important que cela y changera quelque chose, bien au contraire.

Hazam (07/02/2016)