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Diana Tribute
Red Biennial – LP
Freezing Works 2016
Imbibing – Tape
Freezing Works 2015

Lady Di va faire de sérieux cauchemars d'outre-tombe et se serait bien passer de cet hommage. Diana Tribute vient d'une lointaine tribu, erre au-dessus des rivages dévastés de Nouvelle-Zélande et compte dans ces légions de zombies des membres de Girls Pissing On Girls Pissing, Sharpie Crows et Civil Union. De quoi faire frissonner de joie tant ces trois groupes ont soulevé dans un récent passé les affres d'une musique magnétique. Mais question originalité et bizarrerie, Diana Tribute les surpasse.

Diana Tribute appelle ça du tropical-industrial kraut-goth. C'est n'importe quoi. Mais en disséquant bien, c'est exactement ça. Ou presque. Un assemblage exotique de sonorités glaçantes, une joyeuseté morbide remplie de couloirs effrayants aux structures décharnées, des percussions étranges, une basse ronde limite dub, des guitares en lambeaux, la mise en beauté de grandes étendues inhospitalières et d'un sens de l'abandon totalement classe. Red Biennial est donc l'équation exacte moins la racine carrée des trois entités principales composant à la base Diana Tribute. Pour faire le malin, on évoquera de préférence les premiers albums des Pain Teens (les plus farouches) ou le bricolage de génie de Xiu Xiu sans la coupe de cheveux réglementaire. Et le plus beau dans tout ce bordel, c'est la capacité de Diana Tribute à tailler des morceaux possédant du corps, des morceaux qui flottent, irréels comme Jacynth ou Arsema, mécaniques grinçantes et oniriques mues par un dynamisme de guingois.
Diana Tribute a également invité quelques personnes pour pousser la ritournelle (Ron Gallipoli, Human #22 & Deepnet et Nooseman Joe), façon crooner des Antipodes en plus du timbre très reconnaissable du chanteur de Sharpie Crows. La magie n'opère pas toujours. Quelques passages ésotériques perdent les auditeurs en route. Mais dans l'ensemble, Red Biennial navigue sur du velours malgré tous les bâtons qu'il tente de se mettre sur la route dans un élan nihiliste et masochiste. Le Néo-zélandais possède un sens innée de la mélodie. Elle est là, latente, cachée derrière les sons bigarrés, tordus et fini d'enrober ce disque singulier et envoûtant.

Un disque bien moins transparent que son vinyle pressé à cinquante exemplaires avec les pieds (il faut monter le volume de deux bons crans pour obtenir un son à peu près décent) et qui mériterait de répandre ses drôles de bienfaits à un public beaucoup plus conséquent.



La cassette réalisée un an avant Red Biennial ne va pas plus participer à la renommée de Diana Tribute. Quelques exemplaires disséminés entre Auckland et Wellington dont une copie a traversé l'immense Atlantique avec le vinyle. Heureusement, internet relie le monde et réduit les distances, c'est magnifique et tout est disponible sur leur bandcamp.
Imbibing contient cinq titres. Double dose d'hypnose et de drogues gratuites. Avec quelques sirènes pour encore plus perdre le nord. Elles chantent de douces mélopées acides, répondent au nom de I.E. Crazy et Tali Williams et cette dernière ne fait pas mine d'insuffler un vent de folie sur Neighbour Walk Softly. Comme sur le vinyle, les morceaux sont relativement longs. Cinq minutes de moyenne pour installer un climat anxiogène, tester votre seuil de résistance à ce stress ambiant, cette fausse lenteur qui répand son malaise, se soumettre à cette basse dub puis éclater en sanglots parce que vous êtes un grand sentimental et que c'est trop de beauté, surtout avec ce sémillant sample de discours un brin autoritaire en Allemand sur Black Rainbow Homo. Lady Di vient une nouvelle fois de se retourner dans sa tombe.

SKX (14/12/2016)