corbeaux
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Corbeaux
Kind Words – CD
Vox Project, Ideal Crash, Drown Within, Corbeaux Rock 2016

Corbeaux se refait le plumage. Et ajoute du ramage. La mue est impressionnante. De post-rock instrumental, le groupe quimpérois est passé à post-hardcore avec du chant. Ou post tout ce que vous voulez du moment que ça cogne et que ça saigne. Par l'odeur alléché, il était même difficile de se dire que c'était toujours le même groupe sauf à lire le nom sur l'emballage.
Le précédent disque comportait quelques belles saillies mais Corbeaux est monté d'un bon cran (d'arrêt) dans l'intensité et la violence du propos. Les parties planantes se font rares et c'est une très bonne nouvelle. Et même dans ces cas là, elles sont plus cauchemardesques que planantes, plus sombrement mélancoliques que joliment atmosphériques à l'instar du titre d'ouverture, Corpse Pose. Un titre inspiré par un morceau du même nom d'Unwound sur l'album Repetition. Début rugueux, basse carnassière, batterie fougueuse, bien plus que l'original, tout comme le chant très vite haletant. Suit un break plongeant dans les profondeurs avant de revenir peu à peu à la surface et tout envoyer balader dans le décor. Le ton est donné et Corbeaux n'en changera pas tout au long de sept titres très abrasifs.
Le vol noir de Corbeaux sur les plaines du noise-rock, les cris sourds du hardcore qu'on enchaîne, le nouveau Corbeaux a pris une sérieuse dimension. Le fondu avec le second titre Old Tired Horse, lui-même indissociable et pieds et poings liés avec le troisième Old Dying Horse est parfait. L'accalmie et les sombres arpèges débouchent sur un nouvel accès de rage tout en self-control, en lourdeur crépitante et une fin limite bruitiste dont les arpèges servent de fil rouge comme comme un phare au milieu de la tempête.
Toujours enregistré par Amaury Sauvé, habitué des productions du label hardcore Throatruiner, Kind Words écrit une nouvelle partition qui n'a rien de gentil. Il suffit d'écouter la fin d'Helena Markos pour s'en convaincre. C'est quasi l'hystérie là-dedans. Corbeaux survole des territoires auxquels on ne s'attendait pas. Le jeu s'est considérablement durci, complique la donne. Corbeaux gonfle les ailes, bombe le poitrail tout en montrant également beaucoup de cœur avec un soupçon de poignant au plus rude de la mêlée. Belle bête que ce Corbeaux.

SKX (27/09/2016)