civilunion
meltedicecream
|
Civil
Union
Seasick Lovedrunk LP
Melted Ice Cream 2016
Rien qu'à lire le titre de l'album, tu es malade d'avance. Le malaise
est partout. Les voies naguère les mieux dégagées
sont devenues obscures. Sous les faisceaux menaçants de ces fureurs
muettes s'avance Civil Union. Une sinistre cérémonie qui
n'est pas la procession d'un cur noir mais la manifestation d'un
post-punk sobrement troublant et désespéré mais qui
ne rendra pas les armes sans avoir dignement combattu.
Parce que Civil Union est néo-zélandais et qu'ils partagent
un parfum d'angoisse similaire, Sharpie
Crows et Girls
Pissing On Girls Pissing servent de repères pour appréhender
le premier album du trio d'Auckland. Et comme eux, Civil Union aime jouer
avec le sacré, le péché qui suinte sur les bords
des interdits, la souffrance, donnant ainsi son nom à des titres
et des paroles qui ont trempé dans un bénitier profane :
Death Clings To Your Clothes, Like Nuns For Christ, Love
Makes Slaves Of Us All, Come And Pray And Flourish. Ça
ne sent pas forcément la grande forme.
Mais de leur humeur à se pendre, Civil Union transgresse le ciel
bas par des compos qui ne languissent pas en chemin dans un marasme sonore
gluant. Civil Union aime les convulsions, l'urgence, le tendu et la guitare
qui perce, évoque parfois un Birthday Party désossé
et lui aussi grand pourfendeur d'imagerie religieuse, certains morceaux
hululants de Movie
Star Junkies (Like Nuns For Christ, Come And Pray And Flourish)
et, plus surprenant, le chant de Robert Smith et les Cure le temps d'un
We'll Let It Lie lancinant et tombant dans les interstices incertains
d'un arrêt dans l'espace-temps.
Seasick Lovedrunk, c'est surtout un album totalement envoûtant,
un truc qui flotte dans l'air qui rend tout bizarre et fait rougir les
poings de trop serrer sur le désarroi qu'il transmet. Des morceaux
entre chansons belles, désabusées et stridences dramatiques,
rythmiques percutantes, fines dissonances dessinant des mélodies
piquantes. Un violon crisse sur deux morceaux dont l'onirique Follow
The Red Herring qui plante des bouts de verre dans la peau. L'album
passe comme dans un rêve. Ou un cauchemar, c'est selon. Dans tous
les cas, vous vous en souviendrez au réveil. Un disque profondément
marquant.
SKX (11/07/2016)
|
|