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Calva Tu nimagines même pas comme la vie de chroniqueur de disques est difficile : des gens bien intentionnés tenvoient des galettes en espérant que la musique te plaira et que tu chroniqueras le tout avec un petit sourire complice et quelques clins dil. Dans le cas de Siamois, deuxième disque long format de Calva, cest le boss du label A Tant Rêver du Roi (qui joue également dans le groupe) qui me la directement envoyé avec des étoiles scintillantes dans les yeux là, normalement je devrais placer une phrase du style « merci copaing ! ». Et puis il y a le patron de Perte & Fracas, reconnu pour ses célèbres « Humeurs Massacrantes » (il va bien falloir que tu ty remettes, hein), qui lui ma dit une saloperie du genre : « encore un disque de Calva ? mouais je te laisse le chroniquer, moi jai autre chose à foutre ». Voilà. A moi maintenant de récurer tout ce bordel. Mais tu remarqueras que même les obscurantistes pratiquent le copinage et le clientélisme, tout comme les grands qui vivent des recettes publicitaires ou du soutien dactionnaires spécialisés dans le trafic darmes, comme tous ceux aussi qui voudraient un jour être grands. Ce nest pas la peine de pleurnicher et de jouer au petit puceau effarouché : chez Perte & Fracas on assume aussi bien le copinage que la méchanceté gratuite. Javais malgré tout dans lidée détriller Siamois, juste pour le plaisir. Cest tellement amusant de dire du mal dun disque que lon a à peine survolé. Et dans le cas de Siamois, ce nest pas difficile : pas besoin de lécouter, justement, il suffit de le regarder. Cela faisait longtemps que je navais pas vu une pochette de disque aussi moche et repoussante jai bien sûr fait exprès den prendre des photos dégueu , une présentation générale qui inciterait plutôt à remiser Siamois dans la pile des trucs qui méritent tout juste de prendre la poussière avant dêtre revendus ou échangés contre des bières tièdes lors du prochain vide-grenier de quartier. Mais ici ce nest pas un critère suffisant Et heureusement que je lai écouté ce disque. Cest même peu dire que je laime beaucoup. Calva narrête pas de progresser au fil de ses enregistrements. Recentré autour de son noyau dur historique constitué dArnaud Millan (guitare, synthétiseurs, chant et textes) et de Stéphane Sapanel (batterie), le duo palois réussit le pari assez casse-gueule de la diversification musicale tout en recadrant sa propre identité. Il y a beaucoup de choses sur Siamois mais il ny a jamais rien de trop, comme si Calva possédait désormais toute la clairvoyance nécessaire pour séparer le nécessaire et lindispensable du superflu et du décoratif. Les compositions possèdent une sécheresse palpable tout en dévoilant une magnificence de tous les instants. Leur complexité nenlève jamais rien à leur immédiateté : Siamois est un album noisy et incisif, un album de mathématiques modernes, un album dindie-rock, un album kraut mais aussi un album dansant et, surtout, un album pop. Un disque chargé dun groove mécanique qui ne déshumanise rien, bien au contraire. Derrière le côté cérébral et pensé de Siamois il y a toujours cette envie daccrocher, de faire danser, denfoncer des mélodies de chant (et de synthés, de guitares) dans nos petites têtes de schnarkbuls habituellement défoncés au noise rock et autre joyeusetés plus ou moins bruyantes. Calva cest de la tension vive et de lélasticité dans un même écrin mélodique. On pourrait trouver plein de références je sais pas moi The Ex Fugazi 31Knots Trans Am ( ?) je raconte vraiment nimporte quoi pour situer désormais la musique de Calva, mais il me semble que le duo possède cette capacité à dépasser les genres, à contourner les lieux communs et à imposer son évidence propre comme un Papier Tigre sait également le faire (écoute un peu Rock Caillou). Une démarche qui fait vraiment plaisir et largement couronnée de succès. Calva passe définitivement du stade de bons faiseurs et dartisans appliqués à celui de pourvoyeurs de bonheur. Et ça cest beau. Et surtout plein de perspectives. Hazam (16/05/2016) |