theblindshake
goner


The Blind Shake
Celebrate Your Worth – LP
Goner 2016

Depuis 2013 et Key To A False Door, The Blind Shake sort son album annuel. Celebrate Your Worth est le septième en tout et à chaque fois, se pose la question de savoir si le trio de Minneapolis va continuer d'apporter la lumière dans les foyers, de surfer sur la vague porteuse de la qualité ou alors connaître son premier creux et boire la tasse. Tuons le suspens tout de suite. The Blind Shake reste le roi de la glisse. Un touché incomparable pour délivrer des garage-punk-rock songs lumineuses, roublardes, personnelles, qui mettent le feu à la piste, donnent envie de pousser les meubles, dures à l'extérieur avec un grand cœur à l'intérieur. The Blind Shake a même le toupet de faire encore mieux. Certains groupes touchent le fond mais creusent encore. C'est pareil avec The Blind Shake mais dans l'autre sens. Toujours plus haut, toujours meilleur alors qu'on pensait naïvement que c'était pas possible de faire plus fort.

En plus, The Blind Shake ne fait pas que du Blind Shake sur ce nouvel album. La patte est là, pas de méprise sur la marchandise, le début de Celebrate Your Worth est là pour le constater avec des hymnes potentiels à chaque morceau que sont I Shot All The Birds, Apostle Island ou Reasonable World, ces deux derniers étant ce qu'ils ont fait de plus mélodique de leur riche répertoire. Une tendance d'ailleurs générale sur Celebrate Your Worth, des mélodies enchanteresses, présentes plus que jamais, sans se départir d'un angle d'attaque ferme et consistant, à l'instar de Society Of Plants et l'épaisse sonorité de guitares qui partent en vrille devant une rythmique binairement efficace.
Mais Celebrate Your Worth marque aussi ses différences. Avec le dernier morceau de la face A, Alicante, dont l'orgue, le chant et le rythme plus mesuré sont de toute beauté avec une pointe de sombre psychédélisme. Et surtout l'ensemble de la face B. Quatre titres quittant la sphère du garage-punk de luxe pour aller vers quelque chose d'indéfinissable. La guitare baryton de Mike Blaha sonne définitivement comme une basse. Les rythmiques sont plus simples, voir rigides, comme un post-punk tout bizarre, la reverb envahit les ondes, la chaleur rock'n'roll se dissipe au profit d'une chaleur diffuse, d'un rouge étrange et à miroir déformant. Je suis bien en peine pour en parler mais la seule chose que je sais, c'est que c'est génial. Passe encore pour Corpse On A Roof assez dans le ton habituel de The Blind Shake et irrésistible. Par contre, avec Broken Racehorse et surtout Demox ou le dernier titre qui a donné son nom à l'album, le trio part vers des contrées plus inconnues, angoissantes et c'est le pied intégral. Ça donne toujours envie de furieusement taper du pied sur des lignes rythmiques basiquement redoutables. Les guitares partent en dérapage contrôlé avec des effets qui leur sont propres et parfaitement mis en relief par Chris Woodhouse qui révèle toutes les sonorités du groupe, Demox s'écoute en boucle, le chant fait des ravages, le cœur s'emballe et chavire, l'ivresse est au bout.
Celebrate Your Worth ? Facile avec The Blind Shake d'une valeur inestimable. Leur meilleur album à ce jour. Comme le précédent et en attendant le prochain.

SKX (08/11/2016)