bruxamaria
extremeultimate
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Bruxa
Maria
Human Condition LP
Extreme Ultimate 2016
Comme un
cadeau tombé du ciel sur le coin de notre pauvre petite tête,
Bruxa Maria débarque de nulle part. Et quand ce cadeau se révèle
aussi inattendu que divin, toutes les folies sont autorisées. Un
trio de Londres dont les membres n'en sont pas à leurs premières
cordes et baguettes cassées mais les noms de leurs nombreux groupes
ultérieurs ne m'évoquent strictement rien. Et comme Bruxa
Maria va les réduire en cendres, les renvoyer à un passé
miséreux dont on se tape royalement, allons droit au but, à
Bruxa Maria, la condition humaine et leur science infuse du bruit.
Car Human Condition est un vrai disque de noise. Celui qui écorche,
qui ne brosse pas dans le sens du poil, qui érige la saturation
au rang de déesse avec les larsens en seconde peau et les potards
dans le rouge comme nouveau mode de vie rigoriste. Il est encore temps
de passer son chemin. Pour tous les autres, c'est l'assurance de se faire
de nouveaux amis parmi les pitt bull, avoir enfin une bonne raison de
ne plus rien foutre de sa vie, ne plus se laver le matin et rire de bon
cur aux malheurs des autres.
Le principal responsable de ce méfait est une femme. Gill Dread
crie, bousille sa guitare, a tout composé et s'est même occupé
de l'artwork aux relents de lutte armée. Et c'est parfait pour
résumer Human Condition. Une attaque en règle des
convenances, la révolution par le sang, celui qui coule des tympans
au son de Human Condition, le troisième titre qui vire quasi
industriel quand la guitare se fait perceuse fraiseuse, le rythme marteau-pilon,
la bande-sonore d'une usine infernale où la condition humaine se
fait massacrer, se répand pendant neuf minutes dantesques dans
les affres d'une composition maladive, foutrement et délicieusement
bruitiste.
Mais Human Condition est bien plus qu'un disque de noise-punk punitif
hors-normes pour décérébrés. Il explore toutes
les déclinaisons de la dissonance, exploite le champ mélodique,
rajoutant parfois une dimension quasi lyrique (le dernier titre Bredder
My Breeders), ménage tout de même quelques respirations
et propose surtout des compositions diaboliquement inspirées. Un
vent de démence parcourt chacun des titres, bien aidé par
la voix trafiquée et enfouie dans le mix de Dread dont il était
permis au départ de se demander si c'était mâle ou
femelle. Et si Human Condition donne souvent l'impression d'être
au bord du chaos, la rythmique tour à tour de feu et de plomb cadre
les structures, donne un élan rock à des compositions sauvages,
rajoute une plus-value ardente à la guitare fiévreuse comme
sur les splendides Regretamin, My Sweetheart Miguel, New Dawn
Dawning et le frénétique Drunken Arab. Mais il
n'existe pas de chutes de tension, encore moins de points faibles sur
Human Condition. C'est l'album que Cherubs ne sortira plus jamais.
Un album de noise-rock de furieux, dérangé du bulbe et assez
singulier que la perfide Albion sort de son chapeau magique, reléguant
Blacklisters et autres USA Nails au second rang d'un championnat très
serré. Raide dingue de Bruxa Maria et c'est peu de le dire.
SKX (17/10/2016)
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