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Bardus Stella Porta - CD Solar Flare 2016 Avec une
telle pochette, on pouvait s'attendre à un disque psychédélique
salement fumeux qui sent des pieds, le genre à faire fuir un âne
mort. Mais c'est sur Solar Flare records, la maison de Pigs
et autres groupes noise-rock méchamment lourds et teigneux. Bardus
fait honneur au taulier. Premier véritable album après un
Solus
n'existant qu'en cassette ou en numérique, Stella Porta
sent surtout la montée d'angoisse et la boule de nerf qui a amassée
trop de frustration, éclatant enfin dans un gerbe noire et massive.
Unsane est passé dans les parages certes mais pas seulement. Bardus
fédère plus large avec des bouts de Ladder Devils ou Fight
Amputation, quand ce noise-rock boueux tente de se faire plus beau avec
une approche plus hardcore/rock. Voir des lambeaux de Young Widows, celui
de la deuxième génération quand ça se fait
plus sinistre avec la guitare pleurant sa peine dans un écho lugubre.
Une comparaison aventurière sans doute, Bardus n'ayant dans l'ensemble
pas grand chose à voir avec Young Widows mais plutôt toute
la scène sludge/hardcore mais certaines parties de guitare m'y
font revenir à chaque fois. Dans la moulinette Bardus, ça
donne sept morceaux comme sous une chape de plomb se débattant
dans une camisole de force. Un mariage heureux entre puissance, groove
et saleté épaisse et malaxée charriant un torrent
d'émotions brutales et torturées. Il faut un peu de temps
avant de pleinement rentrer dans ce bloc monolithique. Les compos paraissent
comme engluées dans une masse sonore manquant de relief, empêtrées
dans la gravité de riffs peinant à décoller. Mais
la durée de l'album (à peine une demi-heure) et le travail
de sape finissent par payer. Le trio de Philadelphie trouve son salut
dans des mid-tempo appuyés qui brisent la glace, un chant rageur
qui craque l'élastique, une guitare révélant des
détails aguicheurs et l'amour immodéré et irrépressible
pour tout ce qui est plombant, nihiliste et sauvage. Une solide réalisation
qui place Bardus à un bon niveau sur l'échiquier noise-hardocre. |