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Astolfo
Sulla Luna
- LP
MiaCameretta, Naked Lunch, Toten Schwan, Cave Canem, I Dischi Del Minollo,
Edwood records 2015
Le symbole
qui sert de nom d'album avec le 2 à coté, ça donne
Psi Quadro. Mais Astolfo Sulla Luna n'est ni grec, ni mathématicien.
C'est un trio originaire de Naples et après deux Eps librement
téléchargeables sur leur site, ce premier album est un volcan
de bonheur, une éruption de bruits chauds bouillants et étincelants
dans la nuit noire.
Rosalia Cecere à la guitare et au chant, Francesca Del Gaudio à
la basse et Gianluca Timoteo à la batterie. C'est trois là
ensemble délivrent une alchimie singulière à partir
d'éléments connus mais qu'on peine à nommer. Hardcore
free et déstructuré, noise-rock expérimental, Astolfo
Sulla Luna vit dans l'inconfort et la prise de risques. Mélange
inhabituel, structures éclatées, convulsives ou foudroyantes
sans jamais être bassement frontales, tension sourde, atmosphères
angoissantes et pointe de lyrisme, sombres desseins au bout d'une énorme
basse distordue, cet album est rugueux et sauvage. Et tellement plus.
Avec l'ajout d'un saxophone alto ou baryton sur deux morceaux, des grouillements
supplémentaires sur Fergus, l'ajout de nombreux samples de paroles
de films servant à merveille les compositions, Astolfo Sulla Luna
bascule dans une autre dimension, dans un chaos très bien pensé,
une épreuve de puissance et de sonorités variées
et radicales.
Et puis la touche finale et différente, la voix de Rosalia Cecere,
le vernis qui fait craquer. Un chant très expressif, remonté
contre la terre entière, sans cesse en mode je vais t'en claquer
deux dans la tronche. Ça vient du fond du bide, ça racle
toutes les frustrations rencontrées dans une vie où t'avales
quotidiennement ton lot de couleuvres et c'est énorme. Et comme
elle sait aussi placer sa voix en mode parlé, la partager avec
les samples, le rendu est tout bonnement fantastique, une force de frappe
inégalable.
Chaque morceau est une aventure, une belle branlée pleine de discernement,
la rencontre des Norvégiens de Moe
et de feu Of
Cabbages And Kings dans une fusion nouvelle. Et quand arrivent les
deux dernières compos s'élevant dans les six et sept minutes,
Ibis Redibis Non Morieris In Bello et Ar-Men, le trio démontre
une étonnante maîtrise où l'aspect mélodique
se fait jour. Astolfo Sulla Luna devient poignant, poétique, naviguant
entre un free-jazz aux angles aiguisés et un rock avant-gardiste
dans des chemins aussi sinueux que lumineux. De toute beauté. Franchement,
je ne les ai pas entendu venir. Cet album est tout simplement jouissif
à mort.
SKX (08/03/2016)
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