arabrot
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Årabrot
The Gospel LP
Fysisk Format 2016
Dans la conclusion
de la chronique de leur précédent disque You
Bunch Of Idiots, il était écrit que désormais
Arabrot pouvait tout se permettre. Depuis leur premier single en 2001,
les Norvégiens ont fait du chemin. Ce septième album est
un nouveau pas dans le champ du tout est possible, une liberté
totale brassant la somme de toutes leurs influences, noise-rock, metal,
hardcore, en ajoutant des nouvelles, plus mélodiques, lorgnant
aussi vers les Swans, le sens du drame, voir un brin de grandiloquence,
le rythme martial ou des ambiances plus flottantes et ténébreuses.
Le groupe de Kjetil Nernes, maître à penser du groupe qui
a encore renouvelé une bonne partie de ses acolytes, ne donne plus
dans l'agressivité systématique, dilue son propos sans l'éventer
et propose une grande variété d'approches tout en gardant
la patte Arabrot. Celle qui gifle tout en caressant. Celle qui donne une
direction pour aller dans le sens contraire la compo suivante. Arabrot
n'a jamais été un groupe noise-rock/metal comme les autres.
Ils sont encore plus incassables avec The Gospel. Allier à
une belle inspiration au niveau de l'écriture, ça donne
un bon et grand album. Les nombreux invités participent également
à cet élargissement d'horizons. Parmi les plus connus, Ted
Parsons (Prong, Swans, Killing Joke), Stephen OMalley (Sunn O),
les samples de Andrew Liles (Nurse With Wound) et le chant guttural de
Erlend Hjelvik (Kvelertak) sur Ah Feel pour donner un regain de
puissance aux cordes vocales de Nernes qui chante différemment
et plus perceptiblement - et on le comprend aisément - depuis son
cancer de la gorge deux ans plus tôt. Le piano et le mellotron de
Karin Park apportent une part d'éclaircie, de pureté triste
et de mélodies comme sur le très beau I Run avec
ses roulements de batterie de Magnus Nymo et les percussions de Parsons,
ainsi que sur Tall Man qui ne serait pas sans rappeler un Cop
Shoot Cop avec les cuivres de Kristoffer Lo présent également
sur le grandiose I Am The Sun. Le piano est encore présent
sur la pièce centrale Faustus. Dix minutes d'une procession
ténébreuse avec chur féminin, harmonium, sample
d'avion qui décolle vers des contrées sonores déjà
survolées lors de la face B de I
Modi avant que riff basique et lourdeur répétitive
ne prennent possession d'un Arabrot planant haut sur des paysages plus
personnels et étranges que jamais. Mais And The Whore Is The
City, Darkest Day ou le titre d'ouverture The Gospel
sont là aussi pour ne pas oublier que Arabrot est un groupe qui
a toujours les crocs. C'est juste que la panoplie s'est étoffée,
les armes et les moyens de frapper les esprits sont multiples.
Le thème de The Gospel est la guerre, l'image du soldat
luttant et survivant derrière le déluge des bombes. Une
allégorie de Nernes contre sa propre maladie. Et comme il le dit,
il est revenu encore plus affamé. Et différent. Et transporté.
The Gospel, nouvel évangile selon Arabrot, colportage de
bonnes paroles d'un groupe au sommet de son art.
SKX (10/05/2016)
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