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Animal Lover
Stay Alive - LP
Forward 2016

Voilà un groupe qui avait fait naître les espoirs les plus fous sur les mini-albums Guilt et Fundango. Et qui les avaient déjà en partie confirmés. Il ne fallait plus qu'un premier véritable album pour éclater à tout jamais la concurrence. Stay Alive a débarqué. Douze titres qui d'avance faisaient baver. C'est raté.
Stay Alive. Comme si pour rester en vie, il fallait qu'ils essayent autre chose, creusent de nouvelles voies dans leur noise-rock inspiré des plus grands et dont ils avaient saisi toute la substantifique moelle. Difficile de leur reprocher de vouloir évoluer. Hélas, le résultat n'est pas à la hauteur de leur nouvelle ambition. Ils ont les riffs, ils ont les rythmes, ils ont de bonnes idées mais à trop vouloir faire les malins, ils tombent dans l'anodin. Le trio de Minneapolis n'exploitent pas jusqu'au bout leur imagination débordante, les riffs sont étouffés dans l’œuf, des bribes de morceaux sans corps et à la fin incertaine, la couche noise a disparu au détriment d'un son plus sec, des interludes trop nombreux noyant le poisson, des instrumentaux qui taquinent le piano, une tentative de cuivre, des bruits bizarres venant du quotidien, des passages mollassons, des compositions écourtées et s’enchaînant sans liant. Un ensemble de structures disparates ne forment pas des chansons. Encore moins un album.
Et pourtant, Animal Lover s'y connaît en sonorités qui déchirent. Stay Alive en délivre tout un paquet. Et parfois ça marche sur tout un titre comme sur Jerk The Technician qui répare les cœurs meurtris. Des coups de basse qui tabassent. Des riffs pointus qui tombent drus. Le reste du temps, ce sont des bouts de morceaux qui augurent du meilleur mais qui finissent nulle part. De bonnes trouvailles dans les rythmiques prêtes à se lancer dans le grand huit mais qui ne font que tourner en rond. La volonté de casser la dynamique de morceaux classiques dans un mouvement répétitif ou étrange mais qui se fatiguent rapidement. A l'arrivée, pratiquement tous les titres possèdent un fort goût d'inachevé, un charme qui a goût de trop peu. Disque très frustrant tellement on les sait capables de tellement plus bandant.

En concert le 3 novembre à Rennes au Bar'Hic, un sentiment identique de déception. Trois jeunes gars éminemment avenants, fans de vieux groupes comme les Cows, Shorty, US Maple, Unwound mais qui, très bizarrement, n'avaient jamais entendu parlé de Dazzling Killmen (le guitariste-chanteur le prendra en note sur son smartphone. Non, killmen en un seul mot). Sur scène, on aurait pu croire - fortement espéré - que la représentation vivante de Stay Alive fasse tout péter et trouve une seconde vie. Il n'en a rien été. Impossible de rentrer dans le concert. A chaque fois qu'un semblant de frisson naissait, le trio enchaînait pas un passage qui ne démarrait jamais. Le seul bon moment, ce fut les trois derniers titres. C'étaient de vieux morceaux. C'était d'un seul coup grandiose. Et donc encore plus frustrant.
Pour autant, on ne va pas enterrer Animal Lover tout de suite. L'animal bouge encore. Il faut juste qu'il trouve le bon dosage entre la carte expérimentale et la puissance du rock. Et qu'ils se remettent à écrire de putain de bonnes chansons qui mettent tout le monde d'accord.

SKX (01/12/2016)