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Ahleuchatistas
Arrebato – LP
International Anthem 2015

Huitième album de Ahleuchatistas en douze ans. Groupe de Asheville en Caroline du Nord très prolifique qui a pourtant marqué une pause de trois années après Heads Full of Poison. Le duo Shane Parish/Perlowin (guitare) et Ryan Oslance (batteur) en a quand même profité pour élaborer un projet parallèle sous le nom de Blind Thorns avec le chanteur Antoine Läng. Il ne faut pas perdre la main. La voix par contre est toujours absente. Un duo instrumental qui a depuis longtemps quitté les affres du math-rock, genre qu'ils ont de toute façon malmené et explosé à chaque réalisation, allant toujours un peu plus dans la personnalisation. Chaque nouvel album de Ahleuchatistas est un prolongement du précédent, une suite logique, différent mais mis bout à bout, leur discographie est d'une cohérence implacable.

Le duo continue ainsi d'aller un peu plus loin dans leur rôle d'explorateurs sonores. Les silences sont aussi importants que les nombreux effets échafaudés par la guitare. L'espace est vaste et respecté par les deux instruments en constante recherche de sonorités singulières et d'architecture expérimentale. Les sons peuvent aller dans le sens de la méditation ou de l'excitation, voir ce brin d’exotisme asiatique déjà entendu sur Heads Full of Poison, tout particulièrement sur le ardu Shelter In Place, titre le plus barré des six morceaux d'Arrebato. Ryan Oslance est plus percussionniste que batteur traditionnel, c'est à dire qu'il utilise de nombreux éléments percussifs en plus de la batterie dite classique. Il frotte, il triture, tente des arabesques nouvelles, tape sur pléthore de cloche(tte)s, articulant ses rythmiques nerveuses autour des boucles de la guitare de Shane Parish et ses mélodies tour à tour abstraites ou poétiques. Car avec Ahleuchatistas, il n'est jamais question de pousser l'expérimentation un bouchon de crispation trop loin. Le duo se met au service de véritables compositions qui gardent toujours une certaine musicalité. Que ce soit le court Rincon Pio Sound écrit pendant leur dernier voyage en Espagne, pays qui les a beaucoup inspiré jusqu'à donner le nom de l'album, ou les neuf minutes de La Faena, odyssée sonore tout en contrastes avec des éléments s'enrichissant, se galvanisant et provoquant des ondes de choc sur la partie suivante selon le principe de la tectonique des plaques.
On peut être sensible ou non à certaines atmosphères, laisser planer un doute ou se retrouver totalement sur le dernier morceau Erosion rappelant une certaine frénésie tout en contrôle de Jealousy Mountain Duo. Chaque compo offre un paysage à chaque fois hétérogène. Au final, Arrebato ne se révèle tout de même pas aussi prenant que son prédécesseur. Mais le duo fournit encore sa dose de contentement et de musique magnifiquement étrange en doués musiciens qu'ils sont.

SKX (11/03/2016)