wand
inthered




Wand
Golem – LP
In The Red 2015

Originaire de Los Angeles, Wand est un groupe qui commence à faire beaucoup parler de lui. Mais est-ce réellement justifié ? A l’écoute de Ganglion Reef, premier album publié en 2014 sur God ? records (le label de Ty Segall, gentiment et logistiquement épaulé par Drag City), on pouvait émettre quelques petits doutes. Certes, Ganglion Reef n’est pas un mauvais album mais il a tellement de points communs avec la production ultra pléthorique de Ty Segall (nous y revoilà) que l’on a vite fait bien fait de classer Wand comme un énième avatar de cette hype californienne dont tous les sacs à merde de France, de Navarre et de la proche banlieue parisienne se font des choux gras depuis déjà beaucoup trop longtemps. Après avoir enduré (parfois simultanément) les années emo, les années screamo, les années post rock et les années post hardcore, il semble bien désormais que les personnes de goût douteux et autres barbus tatoués soient farouchement décidé à nous formater les roubignoles avec ce qu’il convient parfaitement d’appeler un nouveau phénomène de décérébration instantanée et généralisée (rendez-vous dans quelques mois, quelques années peut-être, dans les bacs à soldes de vos disquaires préférés).

Autant dire tout de suite qu’il en est tout autrement avec Golem, deuxième album de Wand et publié au début de l’année 2015 par In The Red. Je ne vais pas changer d’avis sur tous ces machins californiens et affiliés – je reconnais toutefois qu’il y a de très bons albums de Ty Segall, j’en ai même deux ou trois sur les étagères, mes filles adorent écouter ça le dimanche midi en mangeant des frites maison – mais j’admets aussi qu’avec Golem, Wand tire carrément le phénomène vers le haut, ce qui n’était pas bien dur non plus. S’agit-il d’un miracle ? Non. Je parlerais plutôt d’un recentrage stylistique qui place Wand dans la catégorie supérieure. En bon bourrin que je suis, je ne peux en effet qu’apprécier cet alourdissement généralisé que le groupe a fait subir à sa musique, à tel point que les fins connaisseurs (que l’on différencie forcément des obscurs webzinards) se sont même permis d’employer les termes de stoner et de psyché. « Pysché », je veux bien, puisque c’était déjà largement le cas sur Ganglion Reef. Par contre « Stoner », laissez moi rire (et c’est tellement bon de rire des gens plus malheureux que soi).

Les guitares sont donc de sortie sur Golem, un album qui porte bien son nom puisque, je le rappelle, un golem est dans la culture mythologique hébraïque une sorte d’ancêtre de Frankenstein, un être créé de toutes pièces à partir de terre glaise et destiné à servir son créateur, notamment à le protéger (voir à ce propos les deux films du même nom de Paul Wegener en 1914 et en 1920 – le deuxième, Der Golem Wie Er In Die Welt Kam, autrement dit « Le Golem, Comment au monde il est venu », étant tout simplement extraordinaire). Par rapport à Ganglion Reef, que du coup on se sent presque obligé de réécouter sous un autre angle, Golem apparait comme un album bien plus lourd et bien plus destructeur. La grosse orgie et l’éternelle magie du fuzz et des rythmiques pachydermiques, le tout s’envolant dans des volutes psychés – je vous l’avais bien dit – et chargées d’un pouvoir mélodique à faire tomber les poils du menton des élites underground.

Ce qui change surtout, c’est cette façon énergiquement décomplexée et presque sauvage (tout est relatif quand même) qu’a Wand de nous balancer des riffs de tueurs. Autrement dit, le groupe semble nettement moins scolaire, plus personnel aussi, et si les gamineries et autres putasseries sont toujours au rendez-vous, elles passent désormais comme une lettre à la poste. Et ça, c’était pas gagné d’avance. Outre les zigouigouis synthétiques qui donnent pas mal de relief à l’album, je voudrais également parler du chant du Cory Hanson, le leader du groupe, un chant de baleine juvénile et gentiment défoncée qui survole les tourbillons soniques de Golem avec des airs si facilement mémorisables qu’on en devient vite accroc. Une voix qui prend également et surtout sa pleine mesure sur les quelques balades qui parcourent Golem – Wand excelle réellement dans cet exercice et c’est appréciable – telles que Melted Rope ou The Drift. Alors je ne vais pas bouder mon plaisir… Au moment où vous lirez ces quelques lignes délibérément enthousiastes, sachez aussi que Wand à d’ores et déjà publié un deuxième album en 2015, mais on en recausera un peu plus tard.

Hazam (25/10/2015)