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Wailin Storms
One Foot In The Flesh Grave – LP
Magic Bullet 2015

De la nouvelle chair fraîche avec le premier album d'un groupe débarquant de nulle part, enfin si, de Corpus Christi au Texas, mais qui ne s'était pas annoncé auparavant et c'est souvent les meilleurs, la surprise totale, le truc qu'on attendait pas et qui vous colle une grosse baffe d'entrée. A part deux Eps uniquement numériques qui n'avaient jamais fait de bruit jusque là, Wailin Storms, relocalisé à Durham, en Caroline du Nord, publie One Foot In The Flesh Grave, soit sept titres ne rentrant dans aucune case. A parcourir les différents commentaires sur ce disque, Wailin Storms se voit comparé à tout et n'importe quoi. De vieux groupes punk-rock comme Samhain ou TSOL, voir des références d'un autre temps comme Howlin’ Wolf et puis aussi le Gun Club, Clockcleaner, Young Widows, Unsane, Murder City Devils, Destruction Unit, Pussy Galore, bref le genre de liste ne ressemblant plus à rien. Alors quand les influences sont aussi variées et surprenantes, c'est que quelque chose cloche. Ou que le groupe possède tout simplement son propre style, son identité forte et indéboulonnable. D'ailleurs, ça sort sur Magic Bullet, un label spécialisé dans le metal/hardcore, preuve une nouvelle fois que Wailin Storms est inclassable et un signe surtout que c'est le genre de groupe transcendant les publics. Quelle que soit votre chapelle, Wailin Storms interpelle et est fortement susceptible de vous plaire.

A écouter a posteriori les deux Eps Bone Colored Moon et Shiver, on comprend surtout un peu mieux les racines de Wailin Storms. Commencé à deux avec le batteur David Daniels et le guitariste-chanteur Justin Storms, tête pensante du groupe, Wailin Storms a puisé dans le blues, le swamp, voir le southern gothic rock du Texas, sa chaleur, ses traditions, ses déviances pour élaborer un projet qui va prendre de multiples ramifications. Désormais à quatre avec Mark Oates, l'ancien batteur de Bats & Mice, Wailin Storms a épaissi et largement électrifié son propos pour devenir une véritable entité ravageuse et passionnante. C'est violemment bluesy, durement swamp. C'est superbement noise et vigoureusement rock'n'roll.
A la longue liste des comparaisons, Wovenhand peut s'inviter sauf que Wailin Storm est encore plus solaire et tumultueux, évoquant aussi bien de grands espaces tourmentés qu'une méchante raclée au fond d'une ruelle sordide, des morceaux de cowboys solitaires et de voyous implacables. Les parties de guitares sont magnifiques, glissantes sur les ombres et tranchantes dans les plaies. Et avec un batteur ne ménageant pas sa peine et boostant la machine, les morceaux sont denses mais lumineux, intenses avec des fins de compos épiques comme la fin du génial Ribcage Fireplace ou Walk, totalement renversant tout en restant à chaque fois d'une étonnante limpidité.
Les choeurs harmonieux de l'autre guitariste Todd Warner et du bassiste Steve Stanczyk sont également une donnée importante du magnétisme de Wailin Storms, appuyant le chant puissamment mélodique de Justin Storms pour aboutir à une espèce d'aura originale dans un monde plus habitué à rencontrer des hurleurs de pleine lune et contribuant à la beauté de ce disque. Car c'est ce qui est le plus marquant au final dans One Foot In The Flesh Grave. Ce charme apaisant sous le tumulte général, cet éclat incandescent et inédit sous les larsens et le noir. Avec au plein milieu, un titre qui se démarque du lot, aussi court et simple qu'il est tubuesque. Ça s'appelle Mystery Girl et une fois que vous l'avez écouté, cette Mystery Girl rend absolument dingue. Un premier album envoûtant et furieusement poignant. Un des tout meilleurs disques de cette putain d'année 2015.

SKX (31/12/2015)