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Butcher's Waltz
Volume II – LP
Learning Curve 2015

Learning Curve records en passe de devenir un spécialiste de la compilation. On connaît déjà la série Hold Hostage avec deux volumes en 2013 et 2014. Il existe aussi la série hommage aux bouchers danseurs, A Butcher's Waltz, dont le premier volume remonte à 2012. L'avantage de toutes ces compilations, c'est qu'elle offre systématiquement que des inédits, pour le meilleur et pour le pire. Et le deuxième volume de Butcher's Waltz ne déroge pas à la règle. Avec au générique des groupes qui font saliver comme, au hasard, The Stnnng. The Idiot est le nom de leur contribution et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils nous prennent pas pour des cons. Une longue détonation à multiples fragmentations de neuf minutes, une attaque en règle qui ne fait que distendre les chairs, bouillonner graduellement en dépit d'une respiration plus vénéneuse qu'autre chose au milieu, des guitares qui font hurler les cordes dans les aiguës avec des ersatz de solo en mode dérapage, des rythmes qui ne s'arrêtent plus et Chris Besinger surfant sur la mêlée, encore plus extraverti que d'habitude. Quel morceau, quelle maestria !

Autre groupe qu'on aime beaucoup plus pour leurs disques que pour leurs foireuses annulations de concerts, les Anglais de Blacklisters. Et bien sûr, comme ce sont des branleurs, la mention inédit ne s'applique pas tout à fait à leurs deux morceaux. King Prick se trouvait déjà sur une autre compilation, Public Service Broadcast 10, du label Smalltown America publiée en 2011 et Quiff Richard (a Duet) est un morceau qui remonte à quelques années aussi. Mais allez, on va pas être rabat-joie vu que ce dernier morceau n'existait qu'en version digitale avec leur premier album et que l'autre est issu d'une compile dont personne n'a entendu parlé. Ces deux titres sont donc indissociables de leur album, deux belles boules marquées par Jesus Lizard à la sauce anglaise, notamment Quiff Richard (a Duet) en collaboration avec Magpie du groupe Kong.

On tourne la face A de haute volée et on découvre Blackthorne. Des groupes s'appelant Blackthorne dans le monde, c'est pas ce qui manque et celui-ci est composé de vieux de la veille dont Travis Bos au chant, ex-Song of Zarathustra, Book of Dead Names et Chariots et Bob Eisenbise, un ancien Kill Sadie. Et vieillir ne leur fait pas peur. Huit titres en quasi autant de minutes, la hargne vissée au corps, surtout le chanteur qui n'a rien perdu de sa vista et donne le sentiment de vouloir bouffer son micro et vous avec. C'est sauvage, brutal, sec, on pourrait croire dans un premier temps que c'est trop basique mais à écouter écouter de plus près, l'impression d'entendre du Oozing Wound en version hardcore qui va droit au but, précis, implacable, avec du riff qui saigne et qui rigole en même temps. De quoi sérieusement donner envie d'entendre leur premier album prévu pour cette année après un premier single (Necro Shark) en 2013 sur Blood Of The Young.

Après tout ce déchainement de violence, une douceur opiacée s'impose. Les Anglais de Hey Colossus disposent. Et ils sont en mode In Black And Gold. Bonne ou mauvaise nouvelle, tout dépend de quel coté votre cœur balance, si vous êtes pré ou post In Black And Gold, si votre vie de fan de Hey Colossus s'est arrêté avant ce virage dans leur discographie ou s'il commence depuis que le sextet anglais plane à de nouvelles hauteurs. Et puis il ya les autres, les types comme moi qui bouffent à tous les râteliers, les adeptes du consensus mou. Bien que In Black And Gold ne me transcende pas comme le petit personnel, cet album possède son charme à l'instar des dix minutes de ce They Don't Live, entre fureur de glander et l'envie d'oublier les pesanteurs terrestres en faisant des cauchemars.

Dans toute la série (en cours) des compilations de Learning Curve, le volume II de Butcher's Waltz est un grand cru. Et il le sera encore plus si tous ces morceaux ne voient jamais le jour ailleurs.

SKX (26/05/2015)