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USA Nails
No Pleasure – LP
Bigoût records/Smalltown America 2015

Aucune hésitation à avoir là dessus : autant Sonic Moist, le tout premier album des londoniens de USA Nails, avait soulevé l’enthousiasme, autant le deuxième, intitulé No Pleasure, est une véritable bombe qui vous explose continuellement à la gueule. Rien que ça. La musique du groupe n’a pourtant pas fondamentalement changé entre ces deux disques : même énergie et même concision punk, même esprit noise es-tu là, mêmes guitares dévastatrices et acérées, mêmes rythmiques au cordeau, même chant élégamment braillard et vindicatif. Et pourtant tout est encore meilleur sur No Pleasure. Et surtout cet album possède une classe incroyable et jamais démentie au cours des onze titres que le composent. Ecouter un tel disque – en boucle, évidemment ! – fait réellement du bien, non seulement parce qu’il prouve qu’il existe encore en 2015 des bons groupes toujours capables de faire de la très bonne musique mais aussi parce que voilà un groupe et un disque qui pourraient redonner un peu de foi en l’espèce humaine beaucoup trop avide de clowneries alambiquées et de poudre aux yeux progressive. USA Nails c’est donc à la fois une certaine tradition mais aussi le dépassement de celle-ci. Punk as fuck les doigts dans le nez. Je ne tarirai donc pas d’éloges au sujet de ce No Pleasure (qui pourtant me procure énormément de plaisir…) et de USA Nails, encore un groupe qui confirme une fois de plus que s’il y a un pays qui domine tous les autres ces dernières années dans le paysage noise punk, c’est bien l’Angleterre. Amen.

Et maintenant, nuançons un tout petit peu, même si ce n’est pas exactement le genre de la maison. Si je trouve No Pleasure en tous points supérieur à Sonic Moist, ce n’est pas pour rien ni pour faire plaisir aux petits gars de USA Nails (qui ne m’ont d’ailleurs rien demandé). Tout d’abord la production de ce deuxième album est largement meilleure : plus puissante sans être racoleuse, plus ample sans baver, plus précise sans pour autant tout mettre au même niveau. Cela s’entend tout de suite, No Pleasure est un assaut continuel, une galette tranchante, catégorique et toujours d’une efficacité naturellement redoutable. Quel plaisir d’entendre ces lignes de basse hautement punitives ; la batterie sonne elle aussi étonnamment bien, contrairement à certains passages de Sonic Moist la caisse claire ne ressemble jamais ici à une pauvre vieille casserole trouée et c’est particulièrement appréciable, tant ce batteur est un parfait tueur qui méritait bien d’être entendu comme il se doit ; les guitares sont elles plus saignantes et en profitent pour délivrer ça et là moult plans bien plus noise qu’auparavant – étonnamment les guitares au début du refrain de
I Am Normal
n’auraient pas fait tâche sur un album d’Arab On Radar…

Et surtout, avec No Pleasure, USA Nails ne s’est pas uniquement contenté d’appuyer sur l’accélérateur ou de répéter bêtement les mêmes recettes gagnantes. La musique du groupe s’est largement étoffée, s’est même considérablement durcie et semble également bien plus mature qu’auparavant. La violence est moins directe – quoique… écoutez un peu le génial Palm Them Off With Me, Make Me Art et ses guitares incandescentes, cet incroyable brûlot qu’est Laugh It Up ou I Cannot Drink Enough, à la fois incontestable de sauvagerie et de précision. Les titres mid-tempo prennent aussi plus de place, jusqu’à occuper presque la moitié de l’album (en fin de face A, They’d Name An Age avoisine les six minutes, chose que jusqu’ici on pensait impossible pour USA Nails) et on s’émerveille alors de toute la science du riff des deux guitaristes qui s’en donnent à cœur joie sur fond de lourdeur implacable (I’m In A Van, le meilleur du lot). Pas besoin donc de mettre une note comme dans les journaux et webzines à la con : dans son genre No Pleasure est un album absolument parfait. Et, au passage, je signale que l’édition française du disque est un vinyle couleur et marbré blanc et vert, merci Bigoût records.

Hazam (02/11/2015)