uniform
12xu

Le monde parfait selon Uniform ressemble à un cauchemar, un long tunnel gris de crispation rempli de flashs acides et de grêlons engraissés à la particule de désolation.
Un duo composé de Ben Greenberg (Pygmy Shrews, The Men, Zs) à la guitare et aux machines et de Michael Berdan (Drunkdriver) au chant. Formule minimale et sale avec boite à rythmes trash et primaire, synthé vérolé tapissant le fond de sonorités vachardes et indéfinies, déflagrations lentes d'une guitare qui fait doucement monter la tension, jouant avec nos nerfs, se vautrant dans les larsens et les crépitements noires d'une électricité sauvage ou plaquant des riffs longs et sifflants. Uniform est noise, limite harsh noise sauf quand Greenberg décide d'un seul coup de mettre un accord plus harmonieux sur Indifference. Uniform envoie du rythme technoïde lobotomisant comme une vague de bombardiers allemands sur le ténébreux et excellent Footnote. Uniform flirte avec l'indus et renvoie aux sombres années 80 d'où la non-surprise de voir apparaître au générique le nom de Drew McDowall (Psychic TV, Coil) aux synthés sur Lost Causes. Uniform est punk, basique, cogne droit devant. Pousser au cul par la voix hargneuse et au vitriol de Berdan, Perfect World n'est pas ce qu'on appelle un disque agréable. Malgré le fait que l'album n'affiche que six titres (après un premier maxi en 2014 Our Blood/Of Sound Mind and Body), Perfect World tape dans les quarante minutes, tape sur nos nerfs aussi parfois avec quelques longueurs (les huit minutes trente de Lost Causes), teste nos limites et tente aussi de les apaiser avec le minimaliste Learning To Forget sur lequel Berdan opte pour un sobre et funeste spoken word sur des accords de guitare puissamment beaux et traînants que n'auraient pas renier Brick Layer Cake.
Non, le monde n'est pas parfait, Uniform n'y prétend pas non plus mais ce premier album dégage un pouvoir nihiliste très attirant, une force primaire qui pousse à l'abandon dans un état de malaise constant.

SKX (16/05/2015)