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Testa Rossa
Tormenta – 2x7’
MusicFearSatan 2015

Qu’est ce que c’est encore que ce truc là ? Testa Rossa… Voyons voir ça… Mmmm moi qui ai toujours détesté les bagnoles en général et le culte voué aux grosses cylindrées et à la vitesse en particulier, je sens que je vais être servi. C’est in extremis qu’il y a quelques années j’avais déjà pardonné aux américains de Maserati d’avoir choisi un tel nom, absolument dégueulasse, il faut dire aussi que leur album Inventions For The New Season était une sacrée petite merveille de post rock trépidant et un rien progueux sur les bords. Mais rien n’arrête le mauvais goût et dans le cas de Testa Rossa, on m’avait par contre présenté le groupe comme un avatar de punk rock un brin mélo – rien à voir du tout avec Maserati donc –, une filiation apparemment logique puisque le batteur de Testa Rossa a un temps officié dans ISP… Bon, après tout, je me suis dit que s’appeler du nom d’un célébrissime modèle de Ferrari était peut-être également un gentil pied de nez aux Buzzcock qui chantaient cet hymne incontournable anti-bagnoles dans lequel Howard Devoto puis Steve Shelley ont ânonné cette profession de foi que j’ai toujours faite mienne : I Hate Fast Cars.

Allez, le coup du batteur qui a joué dans ISP j’avoue que c’est complètement déloyal de ma part voire à la limite de la propagande mensongère puisque Arnaud, le garçon en question, a aussi joué dans One Second Riot et officie toujours dans Le Réveil Des Tropiques (autrement dit : deux groupes que j’ai toujours aimés et qui n’ont que peu à voir avec le ponque). Et si je vous dis qu’Adrien, le guitariste de Testa Rossa, joue dans Trésors mais également dans ce même Réveil Des Tropiques, voilà qui a déjà l’air nettement plus intéressant. Plus intéressant mais pas vraiment significatif non plus. Ça, c’est mon côté vieille bagnole et bétaillère pour tous, en ramasser de partout, embarquer tout le monde y compris le chien dans le coffre, rouler à 70 km/h maximum sur les routes nationales, bifurquer sur les routes de campagnes gadouilleuses et m’arrêter dès que le paysage me donne envie de le faire, c’est-à-dire souvent. Donc je ne vais pas oublier de mentionner que la bassiste/chanteuse s’appelle Simona mais j’ignore totalement dans quels autres groupes elle a pu jouer auparavant – c’est pas bien grave non plus, allez hop, en voiture avec tout le monde.

Et elle a de la gueule cette bagnole. Le premier disque officiel de Testa Rossa est un double single de quatre titres. L’artwork est soigné (un brin arty) et les galettes sont d’un rouge pétant – évidemment… – renforcé par le fait qu’il n’y a pas d’étiquettes centrales dessus (ce qui donne aussi aux deux galettes un air de ces disques-jouets commercialisés au début des années 70 par Fisher-Price). Bref, la seule façon de s’y retrouver, si jamais on mélange et confond les deux disques, c’est d’aller lire sur la plage d’évacuation à la fin de chaque face : chaque titre y est gravé en toutes lettres – Tormenta, Quiet, Trallala et Take-away Love. Quatre compositions différentes les unes des autres (ne serait-ce parce que ce n’est pas toujours la même personne qui assure le chant lead) mais qui installent durablement l’identité de Testa Rossa, entre power pop souvent grungy et punk arty, avec de nombreuses incartades noisy et surtout avec une touche d’étrangeté toujours bienvenue. En résumé : un beau mélange d’énergie, de mélodies et d’un truc indéfinissable qui donne son charme à l’ensemble.

Du charme la musique de Testa Rossa n’en manque donc pas, dans cette façon de ne jamais trop respecter le sacro-saint couplet/refrain, de foutre des solos de guitare à la limite de l’encombrement, de faire claquer la basse, d’accélérer le rythme si besoin, de mélanger les voix (Quiet en est le plus bel exemple) et même de mélanger les genres à l’intérieur d’une même composition. Etonnamment, pour le vieux réactionnaire que je suis et qui se retrouve tout de suite perdu dès qu’un groupe ne rentre pas comme il faut dans une petite case formatée, tout ça fonctionne très bien. Testa Rossa ne s’épargne pourtant pas quelques maladresses (le chant ne semble pas toujours être la priorité alors qu’il y en a beaucoup) mais c’est le genre de maladresses qui rajoutent encore du charme à la musique du groupe. Sauf en ce qui concerne Trallala, composition vraiment trop faiblarde à mon goût, sans doute parce que moins diversifiée que les trois autres. Ce qui n’empêche pas ce double single d’être une excellente entrée en la matière.

Hazam (12/03/2015)