|
The
Sediment Club Psychosymplastic LP Chu Chu/Wharf Cat 2015 La société
est cruelle et The Sediment Club cogne dans la cohue aveugle. Signes précurseurs
d'une catastrophe latente, les précédents enregistrements
du trio new-yorkais aiguillonnaient les nerfs. Psychosymplastic
est forcené, fuse l'air dans tous les sens et aimante chaque millimètre
de peau. Maniaques tenus en laisse d'extrême justesse, les trois
furieux qui ne touchent pas terre offrent une leçon de déconstruction,
tournoient comme bercés par une houle intérieure dont eux
seuls connaissent le mécanisme. Ou alors le hasard fait bien les
choses. No Wave comme une fissure purulente les oppressant dans une carcasse
trop étroite, The Sediment Club explose l'abcès et s'ouvre
sur un lieu indéterminé. Fluide corrosif de leur jeu erratique,
Psychosymplastic traverse les embûches dans une aura bleutée.
Triomphants, détachés du commun des mortels, les morceaux
percutent, aussi libres que des comètes en perdition. La rue est
désorientée. Cicatrices saignantes, petites gorgées
d'air dont il faut profiter de la moindre offrande, enchevêtrements
dingues de mouvements plantant de sacrés épines dans le
dos, Austin Sley-Julian, fils de Voidoids et ses deux acolytes (Jackis
McDermott, batterie et Lazar Bozic, basse) planent sur un paradis angoissé,
crient leur bonheur d'en avoir rien à foutre, malmènent
les chants, tirent des fils barbares d'une guitare magnétique et
désordonnée, répandant le goutte à goutte
sur un trottoir de bruits radieux et cristallisants, enfonçant
à bon escient le clou du droit chemin au milieu de la croix du
chaos. Tu n'y comprends rien et moi non plus. Au plus épais de
la confusion, The Sediment Club éclaire les vicissitudes d'un rock
lacéré en tous sens, inondé de tentations brutales,
pétri, harcelé avec une science de la torture que The Sediment
Club n'avait jamais atteinte jusque là. Exit tous les rois de l'absurde
et les conquérants d'un monde vierge, The Sediment Club est la
nouvelle idole. |